Covid-19 et Brexit : un cocktail explosif et angoissant pour les affaires des tours opérateurs anglais en Haute-Savoie

VIDEO. Aux Gets, en Haute-Savoie, c'est sans hésiter l'un des pires hivers que les professionnels anglais aient jamais connu. Souvent installés depuis des années, ils avaient créé des séjours concus par des Britanniques pour des Britanniques. Cette année, entre Brexit et Covid... tout s'effondre.

Après 10 mois de négociations harassantes, l'UE et la Grande-Bretagne ont enfin signé un accord. Le traité entre en application provisoire ce 1er janvier, mais la réalité est très compliquée pour les Britanniques installés dans les Alpes : le business est en berne pour bon nombre d'entre eux qui font face à la triple peine Brexit + Covid + remontées mécaniques fermées.

Ils sont installés dans la station depuis si longtemps  que certains en perdent presque parfois les sons les plus marqués de leur accent d'origine, qui revient vite toutefois, quand ils évoquent leur avenir, leur incertitude, voire leur angoisse, même s'ils gardent toujours ce flegme si particulier qui leur est propre. 

Voilà plus de 27 ans que Jane Sayer a installé aux Gets sa "sweet home" et son activité de sports d'hiver. A la "belle époque", dans les années 90, quand Easy Jet offrait des tarifs inbattables jusqu'à Genève, sa société "Ski transfers" effectuait alors des transferts par centaines.

Encore récemment, elle employait 16 salariés. Aujourd'hui elle est toute seule et son activité est au niveau zéro. "D'abord, il y a le Covid, donc nous n'avons pas eu un seul client, et ça ne risque pas de s'arranger puisque le virus mutant met en plus le pays à l'isolement, mais nous avons aussi d'autres soucis qui nous préoccupent, notre licence de transport public par exemple que nous avons obtenue il y a 22 ans, avec le Brexit, n'est plus valide nous a indiqué la préfecture de Haute-Savoie. Elle pose avec le Brexit un souci d'équivalence", se tracasse Jane, qui ne s'y attendait pas et qui s'informe sur les démarches à engager."

Mark Nathan, directeur de la société "Châlets 1066", installé lui aussi depuis des années aux Gets, traîne son âme en peine dans le village déserté, une neige vierge et abondante, des remontées muettes et des volets clos. Dire qu'il n'y a pas si longtemps, on parlait des Gets en plaisantant comme "de la périphérie de Londres".

"Beaucoup de restaurateurs ont fait faillite ou sont partis", explique Mark qui a pour sa part tenté d'anticiper le séisme de ce Brexit, en "modifiant notre modèle économique, plus international, avec des séjours traditionnels tout inclus pour les Anglais, et des offres à la carte plus diversifiées pour les autres visiteurs". Plus d'hôtel, mais 37 chalets individuels à louer dans la station.

Il y a 13 ans, 70% de la clientèle était britannique. En 2018, 45 % seulement et la société a divisé par 2 le nombre de salariés, désormais français bilingues.

Et puis le Covid a frappé : 60% des réservations de chalets ont été annulées en dernière minute. "Ca bouscule, ça angoisse, sur le plan de la santé, sur le plan économique, nous n'avons que des doutes et des incertitudes, on vit comme tout le monde au jour le jour", conclut Marion qui ajoute "c'est vrai que le Brexit ne nous facilite pas la tâche non plus".

 

 

 

 

 

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