Une étude des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) révèle, ce lundi 22 novembre, que certains patients souffrant de douleurs liées à un cancer ont constaté une diminution, voire une disparition, de la perception de la douleur pendant la phase aiguë d'une infection au Covid-19.
Une infection au Covid-19 pourrait-elle être à l'origine d'une diminution, voire d'une disparition, de la perception de douleur ? C'est ce que suggèrent les résultats d'une étude des médecins des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), publiée ce lundi 22 novembre.
Un groupe de travail suisse, composé de professionnels de santé en médecine palliative, neurologie, radiologie et pathologie, a mis en évidence un phénomène inattendu : "une importante, mais transitoire, diminution de la douleur chez trois patients oncologiques atteints d’un Covid-19 sévère."
Leur travail, publié dans la prestigieuse revue scientifique internationale Pain ("douleur", en anglais, ndlr), explique que l'infection au virus "pourrait, probablement par le biais d’une dysfonction du système nerveux, induire des symptômes 'atypiques'."
Trois patients, plusieurs hypothèses
L'équipe scientifique s'est intéressée à trois patients, âgés entre 67 et 84 ans, atteints de cancers et de douleurs oncologiques sévères. Ces trois individus, hospitalisés au HUG pour une infection au Covid-19, étaient également réfractaires au traitement opiacé.
"Les trois patients ont constaté une diminution voire une disparition de leurs douleurs, peu de temps après l’infection. La guérison du Covid-19 a été par ailleurs, associée à un retour progressif de la douleur chez l’un des patients, observe les scientifiques. À l’heure actuelle, ce phénomène reste inexpliqué mais l’équipe émet quelques hypothèses."
Une de ces hypothèses suggère que l'infection du virus ou une "conséquence de l’orage inflammatoire que peut engendrer le Covid-19" pourrait atteindre le "cortex insulaire". Cette partie du cortex cérébral, enfouie en profondeur dans les replis du cortex, joue un rôle dans différentes fonctions du corps, dont la "prise de conscience" des perceptions internes.
Le virus pourrait interférer avec la transmission du message nerveux qui provoque la douleur ou la sensation de souffle court.
Étude des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Autre hypothèse : "le SARS-CoV-2 pourrait créer un dysfonctionnement plus en périphérie c’est-à-dire au niveau de la moelle épinière. Le virus pourrait interférer avec la transmission du message nerveux qui provoque la douleur ou la sensation de souffle court."
"Bien que d’autres études soient nécessaires pour confirmer ces observations et valider les hypothèses émises, ces observations permettent de jeter un nouvel éclairage sur les mécanismes responsables de la perception de la douleur qui pourraient ouvrir de nouvelles pistes de recherche et thérapie", conclut le document.