La Suisse, qui avait été saluée pour avoir surmonté la première vague sans trop d'inquiétude ni confinement, n'arrive en revanche pas à surmonter la deuxième vague, qui fait plus d'une centaine de morts par jour. De nouvelles restrictions viennent d’être annoncées par le gouvernement.
"Nous avons un taux d'incidence deux fois plus élevé que l'Allemagne", a alerté la présidente, Simonetta Sommaruga, en présentant un train de mesures incluant la fermeture des restaurants, bars et magasins à 19 heures. Nous nous trouvons dans une situation critique, avec une croissance exponentielle de l'épidémie et des hôpitaux proches de leurs limites".
La situation sanitaire en Suisse, victime d'un des taux de contamination les plus élevés en Europe, n'a jamais été aussi mauvaise, avec quelque 5.000 nouveaux cas par jour, contre quelques centaines pendant la première vague, et un taux de positivité des tests qui reste à des niveaux beaucoup trop élevés.
Restaurants fermés dès 19 heures
Face à cette évolution de l'épidémie, le gouvernement a adopté vendredi 11 décembre des restrictions, qui sont toutefois bien moins sévères que dans d'autres pays européens malgré la gravité de la situation.
Dès le 12 décembre et jusqu'au 22 janvier, les restaurants et bars devront fermer à 19 heures. Les cantons dont l'évolution épidémiologique est favorable peuvent repousser l'heure de fermeture jusqu'à 23 heures, ce qui est le cas actuellement dans les cantons romands. Les magasins, marchés, musées et bibliothèques, ainsi que les installations de sport et de loisirs devront également fermer à 19 heures ainsi que les dimanches.
Et à quelques exceptions près, comme les offices religieux, toutes les manifestations seront interdites, alors que les activités sportives et culturelles seront autorisées pour les groupes de cinq personnes au maximum.
Pas de nouvelles restrictions dans la sphère privée
Le gouvernement a renoncé à imposer de nouvelles restrictions pour les rencontres privées, maintenant la limite des dix personnes, enfants compris, et recommande instamment de ne pas se réunir à plus de deux ménages dans le cadre privé.
Les stations de ski resteront également ouvertes mais le ministre de la Santé, Alain Berset, a appelé vendredi en conférence de presse les touristes européens à ne pas venir skier en Suisse.
Comment expliquer le "coronagraben" ?
Pendant la première vague, durant laquelle les écoles, restaurants et magasins non essentiels avaient été fermés sans toutefois qu'un confinement ne soit instauré, nombre de gens avaient loué la gestion gouvernementale de la crise sanitaire, axée sur la "responsabilité individuelle" de la population pour respecter les gestes barrières.
La levée de ces restrictions a entraîné cet été un relâchement de la population, à l'origine de la deuxième vague. Mais l'épidémie a révélé des divergences entre régions linguistiques - tant du point de vue du nombre de cas que des mesures prises, un fossé baptisé "coronagraben" (fossé du corona).
Ainsi, cet automne après avoir frappé d'abord les cantons latins (francophones et italophones), qui ont pris des mesures, l'épidémie s'est abattue sur les cantons germanophones, peu pressés d'agir malgré les appels répétés du gouvernements qui a finalement décidé vendredi d'agir.
Nombreux estiment que les cantons romands, qui étaient en train de desserrer la vis face au Covid, paient pour le manque de responsabilité des cantons alémaniques."La Confédération avait été appelée à réagir par les cantons romands, elle ne l'a pas fait. Aujourd'hui, elle ne peut pas faire un choix qui va dans le sens inverse parce que l'épidémie est maintenant en train de se développer plus en Suisse alémanique", a souligné la députée genevoise du Centre Delphine Bachmann, à la télévision publique RTS.
La colère des cantons romands, qui ont diffusé cette semaine un communiqué commun pour exprimer leur grogne face à la gestion de la crise, est d'autant plus forte que le Conseil fédéral avait, depuis le début de la deuxième vague, laissé la main aux cantons. "Le Conseil fédéral a créé un vrai chaos. C'est l'autorité cantonale qui doit décider, c'était la stratégie du Conseil fédéral. Maintenant ils ont changé d'attitude", a dénoncé le président du parti de la droite populiste UDC, premier parti helvétique, Marco Chiesa, à la RTS.