La justice dira le 11 janvier prochain si Jean-Claude Romand, faux médecin de l'OMS condamné à la perpétuité pour l'assassinat en 1993 de sa famille, peut bénéficier
d'une libération conditionnelle, un nouveau chapitre dans cette affaire hors normes.

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Âgé de 64 ans, Jean-Claude Romand avait menti pendant plus de 15 ans à son entourage en se faisant passer pour un médecin de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d'assassiner sa famille. Il a été condamné à la perpétuité en 1996, mais a déjà purgé sa période de sûreté de 22 ans. Il est théoriquement libérable depuis 2015.

Au total, neuf personnes étaient présentes mardi à l'audience dont la procureure de la République de Châteauroux, Stéphanie Aouine, Jean-Claude Romand et son avocat, Jean-Louis Abad, la directrice de la maison centrale de Saint-Maur (Indre), mais aussi l'avocate de la partie civile, Laure Moureu, qui représente les deux frères de Florence Romand, l'épouse assassinée.

"Au cours de cette audience, ayant duré plus de trois heures (...) le ministère public a requis le rejet de la demande. La décision a été mise en délibéré au 11 janvier 2019", a expliqué dans un communiqué la procureure. Cette demande de libération conditionnelle est "prématurée", a estimé pour sa part Me Moureu.

Mais l'avocat de M. Romand reste optimiste. "Je suis encore plus confiant à la sortie qu'à l'arrivée. Les débats ont été riches en émotion et intéressants. J'ai confiance dans la décision que va rendre le tribunal", a déclaré Me Abad.

"On a tout examiné dans le détail. Son projet est très bien ficelé et très sérieux", a assuré l'avocat. "Au tribunal de trancher et de prendre la décision la plus juste", a-t-il estimé.

La libération conditionnelle est une mesure d'aménagement de peine visant à la réinsertion et à la prévention de la récidive.
 

Échec et imposture 


L'histoire incroyable du "docteur Romand" a inspiré pendant des années le cinéma et la littérature.

Fils unique et bon élève, Jean-Claude Romand rate de quelques points son examen de fin de deuxième année de médecine, mais cache son échec à ses proches. Pendant des années il va vivre dans le mensonge. Devenu mari et père de deux enfants, il se prétend médecin-chercheur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève.

En fait, il passe ses journées dans sa voiture, à la cafétéria ou à la bibliothèque.

Il fait vivre sa famille en escroquant parents et amis, prétendant placer leurs économies en Suisse.

Pour ses juges, c'est acculé parce que certains de ses proches ont découvert son imposture, tandis que d'autres lui réclament leur argent, que le faux médecin alors âgé de 38 ans va passer à l'acte.

Le 9 janvier 1993 au matin, il tue sa femme Florence, 37 ans, endormie dans leur maison à Prévessin-Moëns (Ain), avec un rouleau à pâtisserie.

Puis, selon son propre récit, il demande à sa fille de sept ans, Caroline, de s'allonger pour qu'il prenne sa température. Avant de lui tirer dans le dos à la carabine.

Il fait de même avec son fils Antoine, cinq ans.

Il se rend ensuite à Clairvaux-les-Lacs (Jura), à environ 80 km, chez ses parents qu'il tue de plusieurs balles dans le dos.

Il rejoint le même jour à Paris son ancienne maîtresse, qui lui avait confié une grosse somme d'argent, et la conduit en forêt de Fontainebleau pour un prétendu dîner avec Bernard Kouchner. Vers 23H00, il arrête la voiture, asperge la jeune femme avec une bombe lacrymogène, mais renonce à son projet d'assassinat devant ses hurlements et supplications.

Il revient le lendemain dans la maison familiale où gisent sa femme et ses enfants.

Au petit matin du 11 janvier, il ingère des barbituriques et incendie la maison.

Quand les pompiers arrivent, ils le trouvent inconscient mais vivant. 

Dans un message retrouvé par les enquêteurs, il avait écrit : "Un banal accident et une injustice peuvent provoquer la folie. Pardon".
 
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