Vingt-quatre tombes du cimetière de Bons-en-Chablais, en Haute-Savoie, ont été relevées de terre début septembre. Plusieurs familles de défunts dénoncent un scandale.
Colère et incompréhension pour les familles des défunts. Au cimetière de Bons-en-Chablais, en Haute-Savoie, huit familles sont préoccupées par une seule et même question : comment 24 tombes, certaines récemment fleuries, ont-elles pu être relevées sans ultimes vérifications ?
Il faut imaginer le sentiment que l’on a eu quand on est venu là et que l’on a découvert un champ de labour
Sébastien Maschio
Les travaux de relevage ont été menés le 7 septembre dernier. Janine Chapuis est la première à s'en être aperçue. Comme chaque dimanche, elle vient se recueillir sur la sépulture de son mari. Mais ce jour-là, elle trouve en lieu et place de la tombe de son époux, enterré en 1999, un "champ de labour" dit-elle : "Je suis choquée, en colère, c’est désastreux ce qu’ils nous ont fait là, j’avais une concession de 30 ans me semble-t-il, mais je n’ai pas trouvé le papier."
Janine n’est pas la seule dans cet état. Sébastien Maschio a retrouvé lui, la tombe de son grand-père entièrement labourée : "Comme tout le monde, on venait fleurir nos tombes et faut imaginer le sentiment que l’on a eu quand on est venu là et que l’on a découvert un champ de labour sans avis préalable."
Janine et Sébastien affirment qu’aucun courrier ne les a avertis de cette campagne de relevage. Certains ont remarqué des chiffres sur les tombes et avaient contacté la mairie cet été, qui les avait rassuré. Depuis, c’est le silence complet : "Nous sommes dans l’indifférence la plus totale par rapport à la municipalité, la gendarmerie voire même un mépris, ils ne nous écoutent pas, ils ne veulent pas nous recevoir, c’est un manque de respect pour les familles, ils ont sali la mémoire de nos défunts et on ne sait même pas où ils sont."
La mairie évoque des "dysfonctionnements"
La municipalité de son côté l'affirme : les dépouilles ont rejoint l’ossuaire du cimetière et le contenu de plusieurs urnes a été dispersé dans un jardin du souvenir. Un préjudice immense, elle le reconnaît. Elle invoque aujourd’hui des dysfonctionnements qui ont effectivement mené à supprimer des tombes par erreur.
"Ça peut provenir de plusieurs sources effectivement une source interne de la maire, un dysfonctionnement dans le traitement des dossiers, ça peut venir des relations avec les pompes funèbres, il y aussi le fait que des concessions aient été accordées sur le terrain commun alors qu’elles n’auraient pas dû l’être", explique Olivier Jacquier, le maire de Bons-en-Chablais
En terrain commun, une sépulture ne doit pas rester plus de 5 ans normalement. À Bons-en-Chablais, une réunion doit être organisée d'ici quelques jours avec les familles concernées, qui ont désormais une autre question en tête vont-elles récupérer les dépouilles des défunts ?
Que dit la loi ?
Lorsque l’exhumation est une initiative de la mairie, elle peut avoir lieu dans les trois cas suivants : lors d’un déplacement du cimetière communal, lorsqu’il y a une reprise de la concession qui est arrivée à son terme et non renouvelée ou lors d’une reprise de concession en état d’abandon.