Haute-Savoie : les salariés de l'usine Evian à Publier en grève, contre la baisse de leurs revenus

La direction a décidé d'amputer de 1 500 euros la prime annuelle d'intéressement des salariés de l'usine. Une mesure qui ne passe pas auprès des syndicats, en grève depuis le 4 février.

Depuis le 4 février, une partie des salariés des Eaux Minérales d'Evian est en grève. Ce qui a mis le feu aux poudre, c'est la négociation annuelle des salaires... ou plutôt son absence. "C'est la première année où il n'y a pas de négociations", s'agace Raymond Bottollier, délégué CGT à l'Usine des Eaux Minérales d'Evian de Publier en Haute-Savoie. "D'habitude, ils ont une petite enveloppe, on fait quelques heures de grève et on négocie quelques avantages sur des primes. Cette année, ç'a été non."

La direction a ainsi proposé d'augmenter les salaire de 0,7%, alors même que l'inflation est de 1,2%. Quant à la prime d'intéressement des salariés, elle devrait être amputée de 1 500 euros pour l'exercice 2019. Et ce dans un département où "la vie devient très très chère" à en croire Raymond Bottollier. "C'est hors de question qu'on perde cette somme d'argent, sachant que notre usine a fait +43% de bénéfices, avance-t-il. Si on avait perdu de l'argent, tout le monde se serait serré la ceinture."
 

"On ne demandais pas grand chose, juste de ne rien perdre"


Des revendications qui passent parfois mal auprès de la population locale. "Les jeunes rentrent ici avec un salaire de 1 700 euros, on n'est pas des nantis, on veut pas perdre notre pouvoir d'achat", complète le délégué CGT. Il affirme par ailleurs : "On ne demandait pas grand chose, juste de ne rien perdre. On demandait l'inflation et le maintien de notre prime interessement participation."
 
Les eaux minérales d'Evian sont un des fleurons historiques du groupe Danone. Lorsqu'elle tourne à plein régime, 7 millions de bouteilles sortent chaque jour de l'usine de Publier. Mais depuis le début de la grève, on est loin du compte. "Demain, ils avaient prévu 130 ou 140 camions, mais on va en sortir 30 ou 40, explique Raymond Bottollier. Même aucun aujourd'hui parce que les deux collègues qui tiennent le poste l'ont bloqué, et rien n'est chargé."

Des actions qui risquent de peser lourd sur les résultats du groupe. Ainsi, chaque train resté sur le quai de l'usine correspond à une perte de "25 ou 30 000 euros, voire 60 000 euros. Ca dépend des wagons utilisés", selon le délégué CGT.
 

Une cagnotte en ligne pour les grévistes


Dans un communiqué de presse, la direction assure avoir proposé la revalorisation la plus équitable possible. Elle affirme également vouloir "maintenir un dialogue social de proximité", se défendant d'avoir bloqué les négociations : "les éléments de contexte de marché et données sociales ont été partagées" avec les salariés. Danone met en avant "un contexte marché compliqué", en lien notamment avec l'augmentation des prix des matières premières et avec les enjeux concernant les emballages plastiques.

Pour les syndicats, la direction fait surtout "la sourde oreille". Les salariés mobilisés ont créé une cagnotte alimentée sur internet, qui s'éléve ce mardi à plus de 11 000 euros. De quoi dédommager les salariés en grève aux postes clé de la production ou des départs de l'usine. Pour que le mouvement s'inscrive dans la durée, tant que les salariés continueront de s'estimer lésés. 
 
Reportage de Serge Worreth et Maxime Quemener.
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