Ils ont 18 ans et ont décidé de mener le combat, celui pour la préservation de leur patrimoine. Enfants de La Clusaz, Thomas et Ethan veulent sauver une forêt qui devrait être détruite pour construire l'accès à une maison particulière.
Ils l'appellent "la Gouille", un de ces endroits qui rassemble. Un petit coin de forêt sympathique avec un ruisseau qui serpente entre les arbres, aux portes de la chaîne des Aravis (Haute-Savoie). Un lieu avant tout symbolique pour des générations d'enfants du pays.
"C'est un coin où on s'est retrouvés, qu'on ait 8 ou 15 ans, et même maintenant 18 ans. Les anciens de La Clusaz nous disent qu'ils venaient ici aussi quand ils étaient gamins, raconte Thomas Ledaguenel. Et ça va être détruit juste pour que quelqu'un arrive au pied de son chalet l'hiver. On trouve ça dommage parce que c'est un lieu poétique, il nous a vu grandir."
Plusieurs arbres de la forêt ont été marqués d'un trait de peinture orange. Derrière ces traces se cache un projet de route nécessitant l'abattage de 2500 m² de forêt. L'objectif : construire un accès privé en direction d'un chalet. Ethan Carocero et Thomas Ledaguenel n'étaient encore que des collégiens quand le chantier a été autorisé. Aujourd'hui, ils sont à peine majeurs mais se mobilisent contre ce projet.
"En prenant soin de la nature, je pense qu'on peut dynamiser un village qui est en train de perdre un peu. Avec le réchauffement climatique, on se pose des questions par rapport à la neige. On ne sait pas s'il y en aura encore dans quelques années, donc autant préserver ce qu'il nous reste", estime Thomas.
Mobilisation générale
A coup de messages Facebook et posts sur les réseaux sociaux, ils ont réussi à mobiliser des citoyens samedi après-midi devant la mairie, toutes générations confondues. "J'ai grandi dans ce quartier. Tous les gamins de La Clusaz ont passé leur jeunesse là-bas. On va aller massacrer cet endroit unique pour faire une route (...) Il n'y a pas besoin de ce massacre", s'indigne un manifestant.
Ethan et Thomas sont bien conscients qu'il est peut-être trop tard pour agir, mais il est suffisamment tôt pour s'engager. "C'est le début d'une mise en marche pour arrêter l'urbanisme, du moins l'urbanisme excessif dans notre village", ajoute Thomas. Attachés aux arbres ou couchés devant les machines, ils ont déjà pensé à toutes les options suivies par les anciens pour empêcher la tenue du chantier.