Le plus grand groupe de presse suisse Tamédia, éditeur de La Tribune de Genève et de 24heures, a annoncé, fin août, de nouveaux licenciements et la fermeture de deux imprimeries en Suisse romande. Cette restructuration inquiète les rédactions.
Fin août, le groupe Tamedia, aussi connu sous le nom de TX Group et propriétaire de nombreux titres de presse en Suisse, a annoncé une suppression de près de 300 emplois. Soit un cinquième de ses effectifs. Près de 200 postes à temps plein dans l'imprimerie et 90 dans les rédactions seront supprimés.
Le premier groupe de presse en Suisse TX Group est un géant avec plus de 50 marques, un groupe rentable qui continue à verser des dividendes à tous ses actionnaires : "Une fois de plus, l'entreprise de presse se concentre sur la maximisation des profits au lieu d'assumer sa responsabilité sociale et d'investir dans le journalisme", regrette l'organisation Syndicom dans un communiqué.
Parmi les rédactions touchées, celle de La Tribune de Genève. "Depuis quelques années, nous subissons des plans sociaux et de restructuration avec des licenciements. L'année dernière, 80 personnes ont été licenciées sur le périmètre suisse", se souvient Rocco Zachéo, porte-parole du personnel et journaliste à la rubrique culture du journal.
Le quotidien des Genevois est fortement touché car jugé "trop ancré dans la région" : "À leurs yeux, La Tribune est désormais un journal de deuxième division qui est, petit à petit, amené à être phagocyté par un journal sur lequel ils misent beaucoup. C'est 24 heures, qui est édité à Lausanne." Ainsi, La Tribune de Genève, fondée en 1879, pourrait être réduite à un simple "onglet" inclus dans un autre journal.
Réactions unanimes
La disparition du média émeut la Suisse romande. Pour le Conseil d'Etat genevois, les orientations stratégiques de Tamedia "menacent, à terme, l'existence de la Tribune de Genève et l'identité même de l'information genevoise au sein du groupe". Le gouvernement condamne "fermement" l'option qui a été prise.
Plusieurs élus s'interrogent : "On doit être en mesure de protéger ce bien public fondamental. La question est de savoir si le laisser dans les mains de groupes, dont l'objectif est une rentabilité financière, est une bonne chose pour la protection de la diversité de la presse", indique Caroline Marti, députée (PS) au Grand Conseil de Genève.
Les Villes de Lausanne, @VilleDeGeneve et Bussigny indignées des annonces faites par @Tamedia. Alors qu'ils annoncent un chiffre d’affaire stable, ses dirigeants procèdent une fois de plus à des suppressions dans leurs effectifs. https://t.co/B5ba7jdNHo
— Ville de Lausanne (@communelausanne) August 27, 2024
Dans un communiqué commun, les villes de Lausanne, Genève et Bussigny se sont dites "indignées" des dernières annonces du groupe Tamedia : "Alors que le groupe de presse zurichois a annoncé un chiffre d’affaire stable, ses dirigeants procèdent une fois de plus à des suppressions dans leurs effectifs. Les exécutifs des Villes signataires du communiqué ont peine à croire au désormais mantra de l’entreprise essayant de faire croire, coupe après coupe, pouvoir faire mieux avec moins."