Les glaciers contiennent moins d'eau qu'estimé : de lourdes conséquences pour des populations

Les glaciers décèleraient moins de glace qu'estimé, selon une étude internationale co-réalisée par Romain Millan de l'Institut des Géosciences de l'environnement à Grenoble. Le chercheur explique en quoi cette découverte pourrait avoir de lourdes conséquences.

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Les glaciers de montagne, qui fondent sous l'effet du réchauffement, contiennent moins de glace que ce que pensaient les scientifiques jusqu'alors. C'est ce qu'estime une nouvelle étude publiée début février par des glaciologues internationaux.

Le dernier rapport du Giec a été dévoilé, ce mardi 1er mars et dresse un sombre bilan des conséquences du réchauffement climatique dans les Alpes. Les travaux des glaciologues, auxquels a participé Romain Millan, ancien chercheur à l'Institut des Géosciences de l'environnement à Grenoble, peuvent également être une source d'inquiétude pour de nombreuses populations.

Quelles ont été vos méthodes de travail pour définir que les glaciers décelaient moins de glace qu'estimé ?

Nous avons réalisé un nouvel atlas de l'écoulement de tous les glaciers dans le monde en utilisant plus de 800 000 heures d'images satellites.

Cette donnée d'écoulement est très importante et était manquante jusqu'à maintenant. On pense souvent que les glaciers sont des masses de glace immobile. Mais en réalité, un glacier s'écoule sous l'effet de son propre poids. Si on connaît la vitesse d'écoulement, on peut remonter au volume de glace.

Ces nouvelles estimations sont-elles définitives ?

Ces estimations, réalisées depuis l'espace, ont toujours besoin de mesures de terrain pour être validées. Or, nous avons très peu de mesures de terrain dans certaines régions, comme dans l'Himalaya ou dans les Andes.

Nos estimations ont permis d'améliorer ce qui a été fait par le passé, mais nous avons encore des incertitudes importantes sur le volume de glace. Nous avons besoin de ces mesures de terrain, mais certaines priorités scientifiques et des contextes politiques rendent ces régions difficiles d'accès.

Tous les glaciers sont-ils concernés par cette nouvelle estimation des volumes de glace ?

Les différences régionales sont assez grandes. Dans les Andes, les réservoirs d'eau sont moins importants que ce que l'on pensait. Au contraire, dans l'Himalaya, les volumes sont plus importants.

Pour les Alpes, nous avons la chance d'avoir d'importants instituts scientifiques qui ont déjà réalisé des estimations précises des volumes de glace. Les estimations précédentes correspondent aux nôtres. Sur toutes les Alpes européennes, nous comptons près de 120 km/3 de glace.

Quelles conséquences cela peut avoir sur les populations ?

Les glaciers de montagne sont des réservoirs d'eau très importants pour les personnes qui vivent dans les bassins-versants. Ils sont utilisés pour la consommation humaine mais aussi pour l'agriculture, la production d'énergie... S'il y a moins de glace dans ces glaciers, ce sont tous ces secteurs qui vont subir des conséquences.

En résumé, lorsque les glaciers se retirent, l'eau de fonte est libérée du "stockage long terme" de la glace. L'eau de fonte va alors augmenter, jusqu'à ce qu'un maximum soit atteint : c'est ce que l'on appelle le "peak water". Quand le "peak water" est atteint, l'eau issue de la fonte va diminuer, car le volume et la surface de glace sont réduits.

Nos nouvelles estimations peuvent modifier le temps d'arrivée de ce "peak water", en le décalant dans le futur pour l'Himalaya, ou en l'avançant comme dans les Andes tropicales. Cela a un impact direct pour anticiper la gestion des ressources en eau dans ces régions.

Y a-t-il des conséquences sur la montée des eaux ?

Nous avons calculé le volume total des glaciers, nous avons donc pu déterminer la quantité d'élévation du niveau marin. S'ils venaient tous à fondre, le niveau de la mer augmenterait d'environ 26 cm.

Sur le long terme, les plus importants contributeurs sur l'élévation du fonds marin sont les calottes polaires du Groenland et de l'Antarctique. L'Antarctique contient assez de glace pour élever le niveau marin de 57 mètres.

Plusieurs glaciers pourraient-ils disparaître dans les prochaines années ?

Des glaciers ont déjà disparu un peu partout dans le monde. Même près de chez nous. Dans les Pyrénées par exemple. Ailleurs, les régions comme les Andes tropicales subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Ce sont les glaciers qui présentent les plus forts taux de fonte. Entre 75 et 90 % de ces glaciers pourraient disparaître d'ici 2100.

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