Loup : "On est là pour gérer des situations d'urgence", une bergère d'appui recrutée en soutien des éleveurs en Haute-Savoie

Une bergère d'appui intervient dans les alpages de Haute-Savoie depuis le 8 juillet pour soutenir les gardiens de troupeau ayant besoin de renfort. Ce dispositif répond à la montée d’un mal-être chez les éleveurs de montagne et vise à renforcer la coexistence avec le loup.

Une aide précieuse à destination des éleveurs. Alors que les bêtes pâturent en alpage pour la saison estivale, la présence du loup est dans les esprits de tous les gardiens de troupeaux. En cas d'attaque ou de surcharge de travail, une bergère d'appui peut désormais prêter main forte aux éleveurs de Haute-Savoie.

"Ça va être un soutien moral pour l'éleveur ou le berger qui a l'impression d'avoir raté son travail en cas de prédation. Il faut l'aider à retrouver les carcasses pour pouvoir faire un constat et se faire indemniser, faire les parcs de nuit pour que le troupeau reste en sécurité, soigner les brebis quand il y a des malades ou des blessés", liste Léna Durbecker, chargée de mission pastoralisme à la Société d'économie alpestre (SEA) de Haute-Savoie.

La bergère pourra venir en renfort du gardien de troupeau ou le remplacer pendant quelques jours, entre juillet et août. Son emploi du temps est déterminé selon l'urgence des différentes demandes. "Les éleveurs vont nous appeler directement pour nous expliquer leurs besoins et la période. Je vais rentrer ça dans le planning de la bergère d'appui et je vais prioriser : un cas de prédation passe avant un remplacement, une blessure passe aussi en priorité", ajoute Léna Durbecker.

"Gérer des situations d'urgence"

Cette aide supplémentaire a été bien accueillie par les éleveurs haut-savoyards qui ont souvent besoin de renfort en alpage pendant l'été. "Le jour où on a une attaque, on va certainement l'appeler. Si on doit rester au troupeau, on ne fait plus rien. On a les foins à faire, des livraisons... On ne peut pas rester près du troupeau tout le temps", explique Marc Agnellet, éleveur à la Clusaz.

La bergère d’appui intervient partout dans le département avec ses deux chiens de conduite. Cette fonction demande une bonne capacité d'adaptation et une grande connaissance de la montagne. "Lorsqu'on est berger d'appui, on arrive sans connaître ni la morphologie du terrain ni les habitudes du troupeau, donc il faut énormément de communication avec les gestionnaires de l'alpage", explique Sandrine Martin.

"Comme on est là pour gérer des situations d'urgence, il peut y avoir des drames psychologiques. Un berger dont 35 brebis ont déroché parce qu'elles ont été poussées par le loup, il va être dans un état psychologique pas très facile", anticipe encore la bergère.

Répondre au mal-être des éleveurs

Des dispositifs similaires ont déjà été mis en place depuis un an en Isère et trois ans en Savoie. Cette solution répond à la montée d’un mal-être chez les éleveurs de montagne et vise à renforcer la coexistence du loup avec les activités d’élevage. Et ce "dans un contexte de croissance de la population de loups dans plusieurs départements et d'un front de colonisation qui s'étend", selon la préfecture de Haute-Savoie.

"On a parfois des situations difficiles voire de détresse en alpage. De la fatigue, du stress au long cours ou de la prédation qui nécessite un surcroît de travail alors qu'il y en a déjà beaucoup. (...) C'est un dispositif qui a fait ses preuves, qui répond à un besoin, donc on avait le souhait de le mettre en place dans le département", résume Anne-Lise Bard Houdant, directrice de la SEA de Haute-Savoie.

La mise en place de bergers d'appui dans les départements pastoraux, dispositif inscrit dans le dernier plan loup, va coûter 38 000 euros en Haute-Savoie pour l'été, en partie financée par l'Etat. En 2023, près de 200 attaques de loups ont été recensées dans le département, provoquant la mort de 380 bêtes.

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