Moments forts, "gilets jaunes" : ce qu'il faut retenir de la commémoration des 75 ans de la fin du maquis des Glières

Plusieurs milliers de personnes dont Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy ont commémoré les 75 ans de la fin du maquis des Glières, en Haute-savoie, ce dimanche 31 mars. Voici ce qu'il faut retenir de la cérémonie.

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Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez, Jean-Michel Blanquer : ils étaient tous à la commémoration des 75 ans de la fin du maquis des Glières, en Haute-Savoie ce dimanche 31 mars. Une cérémonie officielle comme il n'y en avait pas eu depuis la venue de François Mitterrand pour le 50e anniversaire.

Sur le plateau des Glières, haut lieu de la Résistance en France, une centaine de maquisards a perdu la vie en 1944 sous les armes de la milice aux ordres de Vichy et de l'armée allemande. La première partie de la cérémonie s'est tenue sur le site de la Nécropole nationale de Morette, où 105 Résistants sont inhumés, en présence de 2 000 personnes.
 
Puis une seconde partie de cette commémoration s'est poursuivie au monument national à la Résistance du plateau des Glières. Moments clés, témoignages poignants, "gilets jaunes"... Voici ce qu'il faut retenir de cette cérémonie.

 

"Vivre libre ou mourir"


Emmanuel Macron est le troisième Chef de l'Etat à se rendre sur le site des Glières après Vincent Auriol, Charles de Gaulle et François Mitterrand. Fils de maquisard, le président de l’association des Glières, Gérard Métral, rappelle dans son discours le sacrifice de ceux qui sont "tombés pour sauver l'honneur de la France" devant une centaine de chasseurs alpins dans leur uniforme blanc et d'anciens combattants.
 
Les deux représentants des cultes juifs et chrétiens ont, eux, salué la diversité des maquisards. Républicains Espagnols, Français, juifs, chrétiens ou communistes : "une petite minorité diverse a affronté une majorité persécutrice", a déclaré le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, rappelant le "mérite" des populations locales qui, elles aussi, ont résisté à Vichy en approvisionnant les maquisards en armes. Pour le curé de Thônes, il s'agit d'un "appel renouvelé à retrouver le chemin de la mémoire, à retrouver l'esprit de la Résistance".

Après le chant des partisans entonné par des enfants, Emmanuel Macron a salué les 105 Résistants inhumés à la nécropole. Ces "héros" qui, "dans la neige" du plateau des Glières, "tenaient un petit bout de France où ils pouvaient fièrement défendre les valeurs" du pays. "75 ans après, le peuple de France n'oublie rien de votre sacrifice, de votre leçon de courage", a-t-il ajouté, rappelant la devise du maquis : "Vivre libre ou mourir".
 

Un hommage poignant aux 129 Résistants qui ont perdu la vie sur le plateau des Glières en mars 1944. "La Haute-Savoie a été le premier département du continent à se libérer lui-même, a noté Emmanuel Macron. Elle est là, la victoire des Glières." Autre moment fort de la cérémonie : le prise de parole de quelques écoliers parmi les 500 venus assister à cette commémoration.

"Le sacrifice de ces Résistants ne doit pas sombrer dans l'oubli car il est exemplaire pour nous tous. Nous avons un devoir de mémoire envers eux", "Aujourd'hui encore, nous voyons des formes de racisme ressurgir. Résistons, restons unis, aidons-nous, respectons-nous, avançons main dans la main, nous en ressortirons bien plus forts", ont déclaré deux d'entre eux, évoquant ce que représente le sacrifice des maquisards à leurs yeux.
 

Les écoliers Haut-Savoyards ont ensuite entonné le chant des Glières, écrit par un maquisard mort au combat sur une simple feuille de papier, retrouvée il y a peu. Les noms de ceux qui sont morts au combat ont été énoncé et leur tombe fleurie par les enfants.

 

Les "gilets jaunes" se font entendre


Ils avaient annoncé vouloir "perturber" le discours du président : les "gilets jaunes" sont venus à cette commémoration aux Glières avec l'intention de se faire entendre sans "tout gâcher". Une quinzaine d'entre eux (non vêtue de l'emblématique tenue fluo)  a commencé par tourner le dos à l'écran où était retransmis le discours d'Emmanuel Macron.
 

Puis des détonations ont été entendues au loin pendant l'hommage du chef de l'Etat. Il s'agirait de pétards ou de feux d'artifice que certains auraient réussi à faire passer au travers des mailles du dispositif de sécurité, nous indique l'Elysée. Mais ce même dispositif a permis de bloquer de nombreux manifestants aux portes du site, rapportent nos journalistes sur place.
 
Le collectif "Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui" avait également manifesté son hostilité vis-à-vis de ce déplacement présidentiel, la qualifiant d'"opération de communication politicienne".
 
"C'est de la récupération : le président vient honorer la Résistance mais par ailleurs, il s'acharne à détruire son édifice social et politique", assène un communiqué de presse du CRHA qui a notamment compté dans ses rangs Stéphane Hessel et Raymond Aubrac. Un appel au rassemblement a été lancé par cette association qui organise les commémorations chaque année ce dimanche à 14h devant la mairie de Thorens-Glières.
 
 

Cérémonie plus intimiste aux Glières


Après la cérémonie officielle, Emmanuel Macron, accompagné des ministres Jean-Michel Blanquer, Geneviève Darrieussecq et Sébastien Lecornu, était attendu avec Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez sur le plateau où a été érigé, en 1973, un monument national à la Résistance. Sur le sol enneigé, un drapeau français - dont la légende voudrait qu'il ait été planté par Tom Morel - flotte alors que les deux chef d'Etat avancent vers le monument de Gilioli.
 
L'image des deux présidents ensemble aux Glières montre "l'unité nationale, et je crois que c'est exactement ce qu'attendent les Français", a commenté sur BFMTV Nathalie Loiseau, la tête de liste LREM aux Européennes. Alors qu'Emmanuel Macron entretient des relations compliquées avec son prédécesseur François Hollande, dont il a pourtant été conseiller, puis ministre, il rencontre régulièrement Nicolas Sarkozy. "C'est un devoir d'être ici, a déclaré Nicolas Sarkozy après la cérémonie. Tout n'est pas dans la bataille, la politique... Il y a la France, et le sacrifice de ces héros qui ont tout donné pour notre pays. Il y a un devoir de rassemblement vis-à-vis d'eux".
 
L'ancien président du conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a regretté dimanche sur LCI l'absence de François Hollande à cette cérémonie "de communion nationale", ce qui "donne la possibilité ou un prétexte pour faire de la politique". "Macron a besoin d'essayer de banaliser ses rapports avec Sarkozy parce qu'il y a les européennes et les municipales; et Sarkozy a besoin de Macron pour revenir pour que sa parole soit entendue", a estimé cette figure gaulliste.

 
Les Glières, un symbole de la Résistance
Dans le massif des Bornes à 1 450 mètres d'altitude, le plateau des Glières est devenu dès 1944 un haut lieu symbolique de la Résistance, malgré une récente remise en cause de l'ampleur de la bataille qui s'y est jouée.

De janvier à fin mars 1944, 465 maquisards s'y étaient regroupés pour recevoir des parachutages d'armes des alliés. Face à l'attaque massive de l'armée allemande et de la milice de Vichy le 26 mars, ils reçoivent l'ordre de "décrocher" du plateau. Mais 129 maquisards et 20 résistants ne peuvent échapper à l'encerclement : 124 sont tués lors du combat ou fusillés, 9 disparaissent et 16 mourront en déportation. Dès lors, la bataille des Glières devient, grâce à la radio de Londres, le symbole de la Résistance française.
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