Maurice Manificat, médaillé d'argent du 15 km libre des championnats du monde de Falun ce mercredi, se réjouissait d'être sur un podium "qui a de la gueule", entre le Suédois Olsson et le Norvégien Gloeersen, au terme d'une journée rare pour le ski de fond français.
Pouvez-vous nous raconter votre course ?"Je me suis senti bien d'entrée. A mi-course, je savais que Johan (Olsson) était en tête: je me suis accroché. Ensuite, je ne glissais plus aussi bien. C'était aussi plus difficile physiquement, trop juste pour la victoire, j'étais en difficulté. J'aurais voulu plus de précision dans les écarts qu'on me donnait. Je ne savais où j'en étais. Mais j'ai tout donné pour rester sur le podium. C'était mon objectif. Et j'y ai cru jusqu'au bout. J'ai très bien fini. C'était une neige difficile, une neige de printemps... C'était au mental. Je me disais +Tu l'as veux cette médaille ? Alors vas-y, remets-toi dans ton truc !+. J'avais du jus dans le finish. C'est ce que je travaille depuis des années. Parfois ça ne marche pas mais ici, c'est bon, c'est passé. Et je me retrouve sur un podium qui a de la gueule".
Comment avez-vous géré la pression ?
"J'étais vraiment détendu hier soir, un peu moins ce matin. Les Mondiaux c'est la course de l'année mais j'ai essayé de sortir de ça en jouant sur internet, en +skypant+ avec ma famille hier soir. Il faut savoir passer le temps en évacuant le stress. Il ne fallait pas gamberger même si il y avait ce petit enjeu qui trottait dans ma tête. Je n'avais pas à me soucier des skis. Je savais que le staff avait fait du super boulot. Je me suis échauffé longuement, ça a permis de bien reconnaître la piste et de se mettre en confiance. Sur certains championnat, le stress m'avait parfois paralysé. Mais pas cette fois. A Val di Fiemme, j'étais passé à côté. Ce n'était pas possible cette fois ! Je ne suis jamais sorti du top-8 cette année".
Vous semblez très calme. Quelles émotions ressentez-vous ?
"J'avais les larmes quand Jean-Marc (Gaillard) et Robin (Duvillard) sont venus m'enlacer à l'arrivée. C'est une course individuelle mais ils étaient contents pour moi. C'est bon signe pour le relais vendredi. Je suis comblé. Il y a de la joie mais de la retenue quand même. Car je dois rester concentré. Il y a encore le relais".
C'est seulement la 4e médaille mondiale d'un fondeur français, dix ans après l'or de Vittoz en poursuite...
"Je sais, c'est énorme ! Il n'y a pas beaucoup de médailles françaises en fond. Je suis tellement content pour le staff. On a changé de marque de skis cette année. Les techniciens repartaient de zéro. Ils ont fait un boulot de dingue. Rien que pour ça je suis content. Il fallait qu'on concrétise car travailler, progresser, c'est bien mais à un moment, il faut récolter. Ca fait des années qu'on travaille pour ça".
A 28 ans, comment voyez-vous l'avenir ?
"Je suis dans la force de l'âge pour un skieur. Je ne compte pas m'arrêter là. C'est clair. Mais je n'y pense pas. Je vis l'instant présent. Je veux continuer à prendre du plaisir. Car qui dit plaisir, dit performances".