L'alpiniste suisse Ueli Steck, 37 ans, a été récompensé, ce samedi 29 mars, à Chamonix, d'un piolet d'or pour l'ascension de la face sud de l'Annapurna (8.091 m) au Népal en 28 heures en solitaire par une voie extrêmement difficile.
Les Piolets d'or, dont la 22e édition se tenait du 26 au 29 mars à Chamonix et Courmayeur (Italie), récompensent des alpinistes qui mettent en avant "l'imagination dans la recherche d'itinéraires innovants, l'économie maximale de moyens, la mise à profit de l'expérience, le respect des hommes et de la nature". Parmi les 76 ascensions recensées par le comité technique des Piolets d'or, six avaient été nominées. Le jury était notamment composé de la grimpeuse française Catherine Destivelle et de l'écrivain italien Erri de Luca.
Le piolet d'or a donc été attribué à Ueli Steck. Ex aequo, Raphael Slawinski et Ian Welsted (Canada) sont aussi récompensés pour l'ascension du K6 West, (7. 040 m) au Pakistan, en cinq jours le 29 juillet 2013.
Ascension rapide
La voie empruntée par Ueli Steck, surnommé "The Swiss machine" (la machine suisse), était considéré comme un des derniers grands problèmes de l'Himalaya. L'alpiniste français Pierre Béghin y était mort en 1992 lors d'une tentative d'ascension avec Jean-Christophe Lafaille. Ce dernier en a fait le récit dans "Prisonnier de l'Annapurna" (éditions Guérin).
Adepte du "speed climbing" (ascension rapide), Ueli Steck a escaladé cette voie en un temps record, atteignant le sommet sans sac à dos, avec une simple corde et une gourde dans la poche. "Si je revis ça, c'est peut-être la mort. Je vais reprendre une vie d'alpiniste plus normale. Pour moi, le solo à 8.000 comme ça... c'est peut-être le moment de dire stop", a-t-il déclaré peu après dans Le Dauphiné Libéré.
Son exploit a été contesté par certains médias car l'alpiniste suisse n'a pas ramené de preuve de sa conquête, ayant perdu son appareil photo dans une avalanche. Les polémiques de ce genre sont courantes dans le monde de l'alpinisme, en particulier quant il s'agit de l'Annapurna, premier 8.000 vaincu par les Français Maurice Herzog et Louis Lachenal en 1950 et dont l'exploit a longtemps été contesté.
Mutant de la discipline, Ueli Steck avait notamment réalisé en 2008 l'ascension des Grandes Jorasses (1.200 mètres de paroi), dans le massif du Mont-Blanc, en 2 heures et 21 minutes, quand il faut deux jours pour une cordée classique. Son livre "Speed", dans lequel il explique sa conception de la pratique de l'alpinisme, a été traduit de l'allemand et est paru début mars aux éditions Guérin.