Vététiste tué en Haute-Savoie : l'auteur du tir condamné à quatre ans de prison dont trois ans avec sursis

Le 13 octobre 2018, un vététiste britannique était mortellement touché par un chasseur sur un chemin de la commune de Montriond en Haute-Savoie. L'auteur du tir a été condamné à quatre ans de prison dont trois ans avec sursis à l'issue du procès à Thonon-les-Bains.

Le chasseur, auteur du tir qui a provoqué la mort de Mark Sutton, un vététiste britannique de 34 ans en octobre 2018 à Montriond en Haute-Savoie, a été condamné ce mardi soir à quatre ans de prison dont trois avec sursis par le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains pour homicide involontaire. Il écoppe également d'une interdiction de chasser et de détenir une arme.

Les autres chasseurs ont été condamnés à des peines de prison avec sursis : 18 mois pour les deux amis du tireur et un an pour le père de l'un d'eux qui participaient également à la battue. L'épouse de ce dernier a elle écopé d'une peine de six mois de prison avec sursis. Ces quatre personnes étaient poursuivies pour avoir falsifié le carnet de battue et la signalisation après le drame.

"J'ai tiré sur un sanglier"

Deux ans après le drame, le jeune chasseur , a maintenu à la barre avoir vu un sanglier.

"Il n'y avait pas vraiment de poste défini. Je me suis posté, j'ai tiré et j'ai raté un chevreuil. Quinze minutes après, j'ai entendu un autre chien et j'ai vu un sanglier sortir. Je l'ai suivi dans la croix de ma lunette, il n'y avait aucune erreur possible", a-t-il délcaré ce matin devant le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains.

Dès le début de l'audience, les experts ont pointé le non respect des règles élémentaires de sécurité.
 

Pas de tir fichant


La trajectoire du tir a notamment été soulignée : le tir n'était pas fichant mais oblique puisqu'un impact de balle important a été retrouvé sur un arbre derrière le vététiste. En théorie les chasseurs doivent s'assurer que la balle ira en direction du sol sans possibilité de ricochet.  

Les experts ont relevé également le manque de visibilité dans le bois et parlent d'imprudence. Globalement, c'est la sécurité de toute cette partie de chasse "désorganisée" qui est remise en cause.

La battue se serait déroulée sans responsable identifié, sans secteur de chasse établi, sans carnet de battue prérempli et à moins de 150 mètres des habitations. La jeunesse des chasseurs a aussi été invoquée.
 

La fédération des chasseurs de Haute-Savoie pointe les "erreurs absolues" des prévenus

Aux côtés de l'auteur du coup de feu, quatre autres personnes comparaissaient donc pour avoir tenté de masquer la vérité. Il s'agit de trois autres chasseurs et de la compagne de l'un d'entre eux. Ils étaient poursuivis pour avoir falsifié le carnet de chasse et la signalisation.

Interrogé à son tour à propos de ces manquements à la sécurité, l'un des chasseurs les plus âgés a affirmé : "cela s'est toujours passé comme cela...". Le président du tribunal a réagi en le traitant "d'abruti"
 

"Des chasseurs pathétiques et pitoyables"


La Fédération des chasseurs de Haute-Savoie, qui s'est portée partie civile, a tenu à se désolidariser des prévenus. Elle a estimé, via son avocat Me Charles Lagier, qu'ils étaient responsables "d'erreurs absolues" en matière de sécurité, puisque le tir s'est produit sans identification préalable de la proie. 

Des chasseurs "pathétiques et pitoyables" pour l'avocat de la famille de la victime, Me Frédéric Noetinger Berlioz. "Ils se sont conduits comme des bêtes. Et encore, c'est faire insulte aux bêtes", a-t-il ajouté. L'avocat a également lu une lettre, écrite par la compagne de Mark Sutton : "ce jour-là ma vie a basculé. Ils devraient être sévèrement punis", dit-elle dans ce texte.

L'auteur du tir a fondu en larmes et présenté ses excuses aux parties civiles. 
 

Jusqu'à 5 ans de prison requis


Cinq ans de prison dont deux ferme avaient été requis ce mardi après-midi contre le jeune homme, ainsi que l'obligation d'indemniser la famille de la victime.  Le procureur avait demandé des peines de prison avec sursis allant de six mois à trois ans pour les quatre autres prévenus. Pour tous les chasseurs, le ministère public exigeait également l'interdiction du port d'arme et l'interdiction de chasser. 
 

Rappel des faits

Samedi 13 octobre 2018, un vététiste britannique, qui dévalait un chemin à la lisière d'un bois sur la commune de Montriond, a été mortellement touché par un tir de fusil de chasse. L'accident s'est produit lors d'une battue au gros gibier organisée par des chasseurs locaux, en présence d'invités.

Mark Sutton, était un restaurateur de 34 ans originaire du Pays de Galles, installé depuis quatre ans dans la région avec sa compagne. Il était propriétaire de deux établissements, l'un proposant un service de chefs à domicile à Morzine, l'autre spécialisé dans la cuisine santé aux Gets, communes toutes proches des lieux du drame. Cycliste assidu, l'homme était "parfaitement identifiable" sur ce chemin fréquenté, pentu et difficile d'accès, situé à 1.350 mètres d'altitude.

L'auteur du coup de feu, un chasseur de Taninges alors âgé de 22 ans, avait expliqué aux enquêteurs de la brigade de recherches de Thonon-les-Bains qu'il avait visé un sanglier avec sa carabine équipée d'une lunette. Au lieu de toucher le sanglier, il avait atteint le Britannique d'un tir mortel au thorax. Le jeune homme avait, depuis, été placé sous contrôle judiciaire et interdit de chasse ainsi que de port d'armes à feu.
 

Forte mobilisation anti-chasse


Ce drame, survenu en octobre 2018, était le deuxième accident de chasse coûtant la vie à un sportif en Haute-Savoie après la mort d'un trailer dans le Semnoz en 2015. Depuis, des pétitions ont été mises en ligne pour demander l'interdiction de la chasse en été, mettant en avant la fréquentation estivale en montagne.

L'accident avait suscité un émoi international et entraîné une vague de mobilisation pour demander le partage de la nature et l'arrêt de la chasse le week-end. 

 

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