Accident de Montriond en Haute-Savoie : saison de chasse annulée et sanctions contre l'équipe présente

En réaction à l'accident mortel survenu le 13 octobre dernier à Montriond, la préfecture de Haute-savoie suspend la pratique de la chasse pour toute la saison 2018-2019 sur une partie du territoire de la commune. Une mesure "d'urgence" prise "au titre de la sécurité publique". 






 

Pas loin de deux semaines après l'accident de chasse ayant coûté la vie à un cycliste britannique, la préfecture de la Haute-Savoie a pris des mesures préventives concernant la pratique de la chasse dans la commune de Montriond, près de Morzine. 

"Considérant cet accident et la nécessité d’une mesure d’urgence au titre de la sécurité publique", il n'est plus autorisé de pratiquer la chasse sur une partie du territoire de l'association communale de chasse agréée (ACCA) de cette petite ville de Haute-Savoie, et ce jusqu'à la fin de la saison 2018-2019, soit jusqu'au 20 janvier dans ce département. 
 


Le préfet a également pris des arrêtés qui sanctionnent le groupe de 9 chasseurs mis en cause dans cette affaire : leur permis de chasse est suspendu provisoirement pour la même période, jusqu'à la fin de la campagne cynégétique.
 
Samedi 13 octobre, un vététiste britannique, qui dévalait un chemin à la lisière d'un bois sur la commune de Montriond, a été mortellement touché par un tir de fusil de chasse. L'accident s'est produit lors d'une battue au gros gibier organisée par des chasseurs locaux, en présence d'invités.

Mark Sutton, était un restaurateur de 34 ans originaire du Pays de Galles, installé depuis quatre ans dans la région avec sa compagne. Il était propriétaire de deux établissements, l'un proposant un service de chefs à domicile à Morzine, l'autre spécialisé dans la cuisine santé aux Gets, communes toutes proches des lieux du drame.

Cycliste assidu, l'homme était "parfaitement identifiable" sur ce chemin fréquenté, pentu et difficile d'accès, situé à 1.350 mètres d'altitude.

L'auteur du coup de feu, un chasseur de Taninges de 22 ans, a expliqué aux enquêteurs de la brigade de recherches de Thonon-les-Bains qu'il a visé un sanglier avec sa carabine équipée d'une lunette. Au lieu de toucher le sanglier, il a atteint le britannique d'un tir mortel au thorax.

Il est mis en examen pour homicide involontaire par violence délibérée et manquement aux obligations de sécurité. Le jeune homme a été placé sous contrôle judiciaire et interdit de chasse ainsi que de port d'armes à feu.


La FRAPNA de Haute-Savoie écrit au Préfet


"Monsieur le Préfet,

Samedi 13 octobre, Mark Sutton, VTTiste de nationalité anglaise installé dans notre pays, a été abattu à Montriond par un chasseur de 22 ans. Nous en sommes atterrés, comme nous l'avons été lorsqu'un promeneur a lui aussi été abattu sous les yeux de sa femme par un chasseur sur les pentes du Semnoz.

Combien faudra-t-il de morts avant que les pouvoirs publics interdisent la chasse les jours où il y a le plus de promeneurs, de familles, de sportifs, dans la nature ?

Notre fédération organise des sorties nature d'éducation à l'environnement, nos associations fédérées sont au contact d'amoureux et de pratiquants de la nature, et de manière croissante nous remontent des informations faisant état du sentiment d'insécurité qui prévaut en période de chasse.

La nature n'appartient pas aux chasseurs, pas plus que l'écologie d'ailleurs. La nature appartient à tout le monde, et en France, au XXIème siècle, dans un état de droit, tout citoyen devrait pouvoir se promener dans la nature sans avoir peur d'être tué par un chasseur.

Il ne s'agit pas là d'un conflit d'usage classique, comme nous le voyons par exemple entre divers types d'usagers sur le lac d'Annecy. Il s'agit d'un conflit latent entre individus armés et citoyens ne l'étant pas, les premiers mettant en danger la vie des seconds par leurs pratiques, leur manque de discernement et les armes qu'ils utilisent.

Les récentes décisions électoralistes du gouvernement en faveur des chasseurs sont à ce titre catastrophiques, car elles donnent à la minorité qui chasse un sentiment de puissance et d'impunité tout à fait dommageables, tant pour la biodiversité que pour la sécurité de nos concitoyens dans la nature.

Quoi qu'elles en disent, les fédérations de chasse ne maîtrisent pas ce qui se passe sur le terrain, terrain devenu dangereux, alors que les activités de nature se développent chaque jour davantage (sorties nature, trail, VTT électrique…)".
 
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