Paris 2024. Il vise une médaille en aviron après avoir tout raflé en biathlon et en ski de fond : le grand défi de Benjamin Daviet

Des Jeux d'hiver aux Jeux d'été... Décuple médaillé paralympique en biathlon et en ski de fond, Benjamin Daviet vise désormais les Jeux de Paris 2024, en aviron. Le Haut-Savoyard est engagé dans l'épreuve du deux de couple mixte, avec l'expérimentée Perle Bouge, multimédaillée dans cette discipline, aux Jeux paralympiques de Londres et de Rio.

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"Pour être très fort dans sa discipline, il faut pratiquer d’autres sports." Voici la philosophie de Benjamin Daviet qui est arrivé dans l'aviron, il y a quelques années, "pour se changer la tête". Il faut dire que le biathlète et fondeur du Grand-Bornand a tout gagné, cinq médailles d'or lors des Jeux paralympiques d'hiver de Pyeongchang (2018) et de Pékin (2022). 

Le porte-drapeau de la délégation française en 2022 s'est également tourné vers l'aviron afin de travailler différemment le physique. Deux sports qu'ils considèrent comme très complémentaires. "Physiquement, l'aviron se rapproche énormément du ski. On travaille d’autres muscles qu’on ne travaille pas dans sa discipline. C’est un avantage, un atout."

Sur les skis ou sur un bateau, Benjamin aime retrouver "la sensation de glisse" commune aux deux pratiques. "Même si on ne va pas forcément dans le même sens, la glisse quoi qu'il en soit, on la ressent. Il y a aussi cet aspect nature, bien-être qu’on retrouve aussi dans le ski."

Différence importante : sur les skis, il peut y avoir des moments de récupération alors que dans l'aviron, c'est non-stop, décrit-il.

Vice-champion de France d'aviron en 2023

D'une glisse à l'autre, l'athlète de 34 ans a peu à peu revu ses objectifs à la hausse en aviron. Ses qualités se sont traduites par une première distinction en 2023. Il est devenu vice-champion de France en skiff, juste derrière Stéphane Tardieu, un cador de ce sport sur la scène internationale et nationale, notamment douze fois champion de France.

À 54 ans, ce dernier a décidé de mettre un terme à son immense carrière. Partenaire de Perle Bouge, il a laissé une place libre dans le bateau du deux de couple mixte. C'est ainsi que cette dernière a proposé à Benjamin Daviet de la rejoindre afin de tenter de qualifier la régate pour les Jeux paralympiques de Paris 2024.

Un projet qui "est arrivé tard", concède Benjamin Daviet, mais qui était une évidence. "Les Jeux à la maison, quand on se lance dans un projet comme ça, ça pousse à aller plus loin. Si ça avait été des Jeux aux États-Unis, en Chine, où je ne sais où, je n'aurais peut-être pas pris cette décision-là, de me lancer dans ce projet de qualification de bateau." 

Comme un signe du destin, c'est la rameuse basque qui avait fait découvrir le plaisir de la rame au Haut-savoyard, en 2017, sur le lac d'Aiguebelette en Savoie. Sept ans plus tard, les deux athlètes se sont retrouvés et ont fait leur première sortie ensemble, afin de se jauger et de mettre en place leurs automatismes petit à petit. 

Être prêt pour la régate qualificative en mai

Le natif d'Annecy n'a pour autant pas délaissé la saison d'hiver 2023. De novembre à mars, il a jonglé entre stages d'entraînements et compétitions de ski. Il a profité des fenêtres de temps libre pour se rendre en région parisienne et s'entraîner avec Perle Bouge. Notamment sur le plan d'eau de Vaires-sur-Marne, site olympique et paralympique des Jeux de Paris. Durant ces périodes, ils ont pu commencer à "faire des chronos". 

Dans ce double projet, Benjamin a réussi la première partie. Lors des Championnats du monde, il a ajouté deux nouvelles médailles (argent et bronze) à son impressionnant tableau dans cette compétition. Désormais, il consacre entièrement son temps à l'aviron, avec en ligne de mire, la régate de qualification pour les paralympiques, à Lucerne, en Suisse, en mai prochain.

Sur dix bateaux, seuls deux vont décrocher un ticket qualificatif. "Ça va être serré", prévient-il. Pour se préparer au mieux, le duo va pouvoir faire une répétition générale début avril, lors des Championnats de France. 

En termes de mental, on est costauds parce qu'on a tous les deux l’expérience du haut niveau.

Benjamin Daviet

décuple médaillé olympique en biathlon et en ski

Benjamin Daviet est confiant sur la complémentarité du duo. "En termes de mental, on est costauds parce qu'on a tous les deux l’expérience du haut niveau. On est tous les deux médaillés aux Jeux. On sait se faire mal. Perle a de grosses qualités aussi. Elle est très puissante. Et ça sur le bateau, c'est une force. On a encore quelques semaines pour travailler nos points faibles et essayer d'être le plus performant possible."

Le point faible qu'il souligne est "l’attaque des pelles dans l'eau pour pouvoir être encore plus puissants". Un détail, qui répété plusieurs fois, pourrait leur offrir les centièmes de seconde importants pour terminer dans les deux premières places.

En plus de la "fierté" de réussir de ce défi d'emmener le bateau aux Jeux, Benjamin Daviet conclut sur l'importance "de pouvoir représenter son pays aux Jeux et en France."

En cas de qualification, il pourrait espérer devenir médaillé à la fois aux Jeux d'hiver et d'été. Il marcherait alors dans les pas de grands champions, comme Oksana Masters. L'Américaine s'est illustrée dans le ski de fond et le biathlon aux Jeux paralympiques d'hiver après avoir été médaillée en aviron, lors des Jeux paralympiques d'été de Londres. 

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