Pédophilie : déjà condamné en Haute-Savoie, un Français jugé pour récidive sur des jeunes garçons en Asie

Condamné par le tribunal de Thonon-les-Bains pour agressions sexuelles sur mineur en 2005, un Français sera à nouveau jugé pour avoir récidivé en Asie. Sous couvert de missions humanitaires au Népal et au Cambodge, il aurait agressé une vingtaine de jeunes garçons.

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Il évoquait des actions humanitaires pour les "défavorisés" au Népal ou au Cambodge : Philippe G., déjà condamné pour des agressions pédophiles en France, sera à nouveau jugé pour avoir récidivé sur une vingtaine de jeunes garçons.

Dans une ordonnance rendue le 20 janvier consultée par l'AFP, la juge d'instruction chargée du dossier l'a renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour des agressions sexuelles commises sur 24 mineurs, notamment en Asie, entre 2011 et 2015.

Dans ce dossier, la liste des victimes potentielles est longue : quinze Népalais et neuf Cambodgiens âgés de 6 à 14 ans au moment des faits.

Parmi eux, V., âgé de 7 ans quand, selon ses déclarations aux enquêteurs, Philippe G. l'aurait masturbé dans un orphelinat et lui aurait donné "un collier en forme d'éléphant ainsi que des bonbons et des gâteaux".

 

Un pédophile récidiviste


Philippe G., 51 ans, avait déjà été condamné en 2005 par le tribunal correctionnel de Thonon (Haute-Savoie) à trois ans de prison, dont la moitié avec sursis, pour avoir agressé sexuellement plusieurs garçons de 8 à 12 ans dans une colonie de vacances.

Soumis à une obligation de soins, il a ensuite travaillé dans un camping, dont il a été écarté après des plaintes sur son comportement à la piscine avec les enfants.

En 2008, il est parti au Népal pour six mois. A son retour en France en 2009, il crée "Philmy voyageurs solidaires", avec l'aide de membres de sa famille et de proches.

Sur le blog de l'association, Philippe Gérard vante les actions éducatives ou humanitaires au Népal, au Cambodge, au Laos ou en Inde auprès des "populations les plus défavorisées".

 

Un rapport d'alerte aux autorités françaises

Mais derrière le paravent humanitaire, il est accusé d'imposer des masturbations ou des fellations à des garçons d'une dizaine d'années, parfois moins, lors de douches ou en dormant la nuit avec eux.

Une ONG népalaise spécialisée, Saathi, observe Philippe G. en compagnie de plusieurs enfants dans différents hôtels et lieux publics de Katmandou, puis rédige un rapport alertant les autorités françaises en mai 2014. 

En France, des donateurs découvrent alors son passé judiciaire sur Facebook quand une dépêche AFP de 2005 relatant sa condamnation est publiée sur la page de "Philmy". Et après de nouveaux signalements, la justice ouvre une enquête en mars 2015, confiée à l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) qui se déplacent en Asie.

Un temps en cavale, Philippe G. est interpellé en France. En garde à vue, il nie d'abord les faits et assure contrôler son attirance sexuelle pour les jeunes garçons grâce à son suivi thérapeutique. 

Mais il reconnaît finalement quelques semaines plus tard, devant le juge d'instruction qui le met en examen, des "attouchements sexuels". S'il n'a pas avoué jusqu'alors, c'est à cause, dit-il, du soutien de membres de sa famille qui le pensaient guéri. 

Un profil particulièrement alarmant

D'abord écroué, Philippe G. est placé sous contrôle judiciaire fin 2018, avec interdiction d'entrer en contact avec des mineurs.

Selon le rapport d'un expert, son "profil est particulièrement alarmant". "Philippe [G.] cherchait son plaisir auprès des jeunes garçons, sans se soucier du mal qu'il pouvait leur faire", dit un autre.

"On se réjouit que le renvoi de Philippe [G.] soit possible. On regrette tout ce temps passé. Aurait-il été le même si les victimes avaient été françaises ?", s'interrogent Mes Joseph Breham, avocat des enfants népalais, Noémie Saidi-Cottier, qui défend l'association de protection de l'enfance Ecpat.

Outre Agir contre la prostitution des enfants, l'Ecpat et la Voix de l'enfant, au moins 23 enfants sont parties civiles dans ce dossier. Contacté, l'avocat de Philippe G. n'a pas souhaité réagir.

En 2016, un Français avait été condamné à 16 ans de réclusion par les assises de Versailles pour avoir violé ou agressé sexuellement au moins 66 garçons à l'étranger. Il s'y était rendu pour des voyages "humanitaires" ou "touristiques".

 

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