Le Conseil fédéral suisse a décidé d’adopter une révision de l’ordonnance de la chasse afin de réaliser une régulation préventive des meutes de loups, à partir de ce vendredi 1er décembre 2023. Une décision dénoncée par une lettre ouverte signée par plusieurs associations suisses et d’autres pays luttant pour la protection du canidé.
"On revient un siècle en arrière. Si la nature embête des activités dites traditionnelles, bien évidemment le choix est vite fait", dénonce Roger Mathieu, co-référent loup à France Nature Environnement en Auvergne-Rhône-Alpes (FNE AURA), suite à la décision du Conseil fédéral suisse.
Ce dernier a adopté une révision de l’ordonnance, mettant en œuvre une partie de la modification de la loi sur la chasse, afin de réaliser une régulation préventive des meutes de loups. Dans son communiqué, le Conseil fédéral souhaite "rendre le loup à nouveau craintif". Il justifie cette ordonnance par rapport à un nombre d'attaques en augmentation. "Le nombre d’attaques d’animaux de rente par le canidé s’élevait à 446 en 2019 et à 1480 en 2022. Afin de réduire les conflits survenant entre l’agriculture de montagne et le loup, le Parlement a modifié la loi sur la chasse en décembre 2022."
Les associations mobilisées contre celle-ci évoquent un abattage "qui vise à réduire de 70% le nombre de loups en Suisse". La législation a divisé la Suisse en cinq régions et a décidé de réduire le nombre de meutes à trois dans les deux grandes régions : les "Alpes occidentales" comprenant le Valais, la zone la plus empruntée par les loups de passage en provenance de France et d'Italie et le "sud-est" qui englobe les Grisons. Dans les petites régions, les meutes doivent être réduites à deux.
Face à cette décision, une lettre ouverte a été écrite et signée par plusieurs associations mondiales, dont France Nature Environnement, afin de dénoncer les conséquences de cette mesure. "Une mesure extrême", décrit Roger Mathieu, avec un impact conséquent à venir sur le massif alpin et notamment en France.
Une décision pas sans conséquence pour les pays voisins
"À partir du moment où vous tuez 70% d’une population. Si elle est en lien avec les populations voisines, ça va faire un appel d’air. C’est ce qu’on appelle un puits. C’est-à-dire que les loups de France, d’Italie, d’Allemagne, à chaque fois qu’ils vont arriver en Suisse, ils vont se faire flinguer", exprime-t-il.
Le co-référent loup à la FNE AURA rappelle qu’à l’image de l’homme, la population de canidé se brasse, créant beaucoup de passages entre les frontières. La crainte est de voir une évolution "négative" du nombre de loups, indique Roger Mathieu.
Il rappelle que "pendant longtemps, l’Italie a été une zone source". À la fin du XXe siècle, les loups sont partis des Apennins et se sont développés dans les pays limitrophes.
"209 loups tués en 2023 en France"
Roger Mathieu, co-référent loup à France Nature Environnement en Auvergne-Rhône-Alpes
La France n’est ni une "zone source" ni une "zone puits" pour le loup. Le co-référent FNE indique qu’en 2023, "209 loups" ont été tués, "soit 20% de la population estimée française".
Les associations mettent en avant les conventions ratifiées par la Suisse pour protéger le loup, dont la convention de Berne. Roger Mathieu la résume ainsi. "Elle dit une chose très simple : vous pouvez abattre autant de loups que vous voulez à condition de ne pas mettre en péril la population de loups."
L’ordonnance du Conseil fédéral suisse va être mise en œuvre pour une durée déterminée, en décembre 2023 et janvier 2024.