Remise carburant : "C'est dommage qu'ils profitent de nos impôts", faut-il des mesures plus ciblées pour écarter les frontaliers suisses ?

Les frontaliers suisses sont nombreux à venir faire leur plein d'essence dans les stations-services françaises, profitant ainsi de la ristourne accordée par l'Etat sur le prix des carburants. Un sénateur de Haute-Savoie propose des mesures plus ciblées pour aider en priorité "les Français qui en ont le plus besoin".

De l’essence à moins de 2 euros le litre, une bonne affaire pour les frontaliers. A la station-service de Gaillard (Haute-Savoie), les Suisses sont nombreux à traverser la frontière pour venir faire leur plein. Car tous les automobilistes helvétiques font le même constat : le carburant est moins cher côté français.

"On est quasiment à 2,20 francs chez nous. C’est non négligeable", tranche Patrick. "Les frontaliers français viennent travailler en Suisse, c’est de bonne guerre, je pense", ajoute Samuel, un automobiliste originaire de Genève.

Mise en place le 1er avril face à l'envolée des prix à la pompe, la remise de 18 centimes d'euros par litre de carburant se poursuit au mois d'août. En adoptant la loi de finances rectificatives 2022, l'Assemblée nationale a également donné son feu vert à la hausse de cette ristourne à la pompe qui passera à 30 centimes par litre en septembre et octobre. Une remise salvatrice pour bien des Français qui utilisent la voiture dans leurs déplacements quotidiens, mais qui bénéficie aussi aux frontaliers suisses.

"Tous les jours, on a beaucoup de personnes suisses qui viennent parce que c’est moins cher, note Marie-Paule Hocquet, hôtesse de caisse dans cette station essence de Gaillard, pour qui cette situation n'a rien d'exceptionnel. En France, c'est beaucoup moins cher en termes d’essence, de gasoil et pour la nourriture."

Une remise plus ciblée ?

La remise sur le carburant financée par l'Etat s'applique à tous les clients, peu importe leur nationalité. Faut-il ajuster le tir pour exclure les frontaliers de cette mesure ? Côté français, les avis divergent. "Ça ne me dérange absolument pas parce que ce sont nos voisins", commente Magid. "C’est difficile de contrôler mais c’est dommage qu’ils profitent de nos impôts. La vie est chère en ce moment", nuance Mohamed, restaurateur à Annemasse.

Un point de vue partagé par Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie. Il est intervenu lors de l'examen du projet de loi par le Sénat pour soutenir un amendement - qui a été rejeté - incluant un dispositif ciblé et temporaire. Et d'estimer que l'argent est "jeté par les fenêtres" avec les mesures actuellement en place.

"Il faut absolument qu’on aide en priorité les Français qui en ont le plus besoin. Il ne faut pas qu'on aide les riches, nos amis suisses, les touristes étrangers, il faut qu’on aide les Français qui bossent. C'est aussi simple que cela, avec une aide ciblée versée par l’employeur avec prise en charge par l’Etat", propose le sénateur de l'Union centriste. Une mesure rendue d'autant plus nécessaire par le renforcement du franc suisse, selon Loïc Hervé, à l'heure où la valeur des deux monnaies est équivalente.

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