À l'occasion des Etats généraux de l'air, retrouvez notre édition spéciale sur la pollution atmosphérique dans la vallée de l'Arve.
Quelle sont les principales causes de la pollution de la vallée de l’Arve ? Si beaucoup pointent du doigt les voitures, le chauffage individuel ou encore l’industrie, l’analyse des chiffres peut parfois réserver quelques surprises.
Afin d’établir un indice quotidien de la qualité de l’air, Atmo Auvergne Rhône-Alpes l’organisme en charge des relevés, trois polluants sont pris en compte.
Ces trois polluants mesurés chaque jour sont les particules fines (PM 10), l’ozone et les oxydes d’azote.
Le chauffage au bois largement responsable des émissions de particules fines
En ce qui concerne les particules fines, soit les particules inférieures à 10 micromètres, le chauffage au bois est largement responsable des émissions puisqu’il représente à lui tout seul 57% des particules fines. Viennent ensuite les transports routiers pour 17% et l’industrie pour 16 %, selon les chiffres de l’organisme pour l’année 2014.Les transports, largement responsables des émissions d’oxydes d’azote
Pour ce qui est des émissions d’oxydes d’azote (monoxydes et dioxydes d’azote), le deuxième polluant pris en compte, les transports routiers arrivent largement en tête. Environ 66% des émissions d’oxydes d’azote sont dues aux véhicules qui circulent dans la vallée. L’industrie ne représente que 12% et le chauffage individuel, 10 %.Enfin pour mesurer l’indice de la qualité de l’air, les relevés prennent aussi en compte l’ozone, qui se forme par la réaction chimique avec les rayons du soleil.
Contrairement aux idées reçues, les responsables de la dégradation de la qualité de l’air dans la vallée de l’Arve sont surtout les transports routiers et le chauffage individuel plutôt que les usines.
La comparaison des chiffres de 2016 par rapport à ceux de 2014 et 2011 laissent voir une légère amélioration. Le nombre de journées en pic de pollution était de 36 en 2016, contre 46 en 2014 et 70 en 2011.
Les usines, coupable idéal ?
C’est une usine qui fait souvent l’objet de critiques durant les pics de pollution dans la vallée de l’Arve. L’entreprise SGL Carbon, qui produit du graphite pour les batteries au lithium et pour les réacteurs nucléaires est-elle vraiment responsable des émissions de particules fines dans la vallée ?Les automobilistes qui passent à proximité pourraient le croire à en juger par la fumée blanche qui se dégage des cheminées et par l’aspect vieillissant des installations.
sgl carbon - Voilà le truc qui pue en fond de vallée de l'Arve #pollution @SentinellesArve @Prefet74 https://t.co/jk9MQpn08B
— Michael Cherif-Alami (@CherifAlami_M) 7 décembre 2016
Afin de mieux comprendre la situation, Serge Paget, le directeur de l’usine, a fait appel à des chercheurs de l’université Savoie Mont-blanc pour évaluer la proportion de particules fines qui se dégageaient de ses installations. Après avoir procédé à des dizaines de relevés sur une période donnée, l’étude révèle que SGL Carbon ne représente qu’à peine 10 % des émissions de particules fines dans la vallée.
Le directeur de l’entreprise a accueilli ces résultats avec un certain soulagement. Mais si ce sont bien les chauffages au bois qui sont responsables de plus de la moitié des émissions de particules fines, pas question de se reposer sur ses lauriers pour autant. Pour les usines implantées dans la zone, beaucoup peut encore être fait.
Quelles alternatives au transport routier ?
Les transports routiers sont responsables des émissions d’oxydes d’azote à hauteur de 66% dans la vallée de l’Arve. Chaque année, 600 000 poids lourds traversent la vallée de l’Arve et le tunnel du Mont Blanc. Mais pour réduire ces émissions, une alternative ferroviaire existe : l’autoroute ferroviaire alpine qui relie la Savoie à l’Italie.Locomotive motrice de l'Autoroute Ferroviaire Alpine - AFA
— Maurienne Expansion (@madeinmaurienne) 19 septembre 2015
Aiton - Orbassano
cc @SNCF pic.twitter.com/1QhKURznls
Cette ligne, ouverte en 2003 et toujours en phase d’expérimentation est pourtant très peu utilisée.
Les remorques qui empruntent cette voie ne représentent que 5% du trafic routier sur le même trajet (30 000 camions sur l’autoroute alpine et 677 000 par la route).
Cette alternative représente moins de route mais requiert davantage de manutention. Autre problème, les retards occasionnels de la navette ferroviaire, qui mettent en danger toute la chaîne logistique. Les transporteurs routiers voudraient aussi augmenter la fréquence des navettes entre la Maurienne et Orbassano, près de Turin.
Pour Stéphane Jacquemmoz, le directeur d’une entreprise de transport qui assure cette liaison, cette fréquence pourrait facilement être augmentée par 4.
Mais cette décision relève d’une concertation entre les deux Etats français et italien, qui possèdent 50% de l’entreprise. En attendant, la solution privilégiée par les transporteurs routiers reste le tunnel du Mont blanc.