Ski alpinisme : "Un nouveau rêve", Benjamin Védrines et Samuel Equy battent le record de Chamonix-Zermatt

Benjamin Védrines et son compère Samuel Equy ont battu, lundi 10 avril, le record de la traversée des Alpes entre Chamonix et Zermatt en ski alpinisme. Une performance réalisée en moins de 15 heures, sans ravitaillement, ni assistance et repérage.

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"La montagne comme refuge" : l'alpiniste et guide Benjamin Védrines vient de signer un nouveau record de vitesse entre les stations de Chamonix et Zermatt, quelques semaines après l'ouverture historique d'une nouvelle voie à la Barre des Écrins. Et il ne compte pas s'arrêter là.

À 30 ans, Védrines est l'un des nouveaux visages de l'alpinisme français, qui repousse chaque jour les limites de la performance humaine sur les faces les plus raides du monde. Pourtant, "je n'ai pas commencé à faire de la montagne pour battre des records", assure-t-il.

En début de semaine, Benjamin Védrines et Samuel Equy ont battu le record de la Haute Route, la traversée des Alpes entre Chamonix et Zermatt. Les deux compères ont avalé les quelque 100 km et 8 300 mètres de dénivelé positif en 14h54, sans ravitaillement, assistance et repérage.

"Mon projet de l'hiver"

Ils ont ainsi battu l'ancien record détenu par Bastien Fleury et Olivier Meynet (16h35). "Un nouveau rêve vient de se réaliser, a commenté Benjamin Védrines. C’était mon projet de l’hiver pour lequel j’ai investi du temps, de l’énergie et pour lequel j’ai éprouvé tant de doutes." 

"Merci à Samuel Equy, compagnon idéal, d'avoir partagé ces moments qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire", a-t-il conclu dans une publication Instagram.

D'autres records

Benjamin Védrines s'est révélé au grand public en février. Le guide de haute montagne avait alors emmené une cordée composée des alpinistes Nicolas Jean et Julien Cruvellier de Luze au sommet de la Barre des Écrins, par sa redoutable face sud-est.

Né dans la Drôme, au pied des hauts plateaux du Vercors, il a commencé l'alpinisme à 15 ans. "Le stress de l'école et de la vie d'adolescent m'amenait à grimper le Glandasse, la montagne juste au-dessus de chez moi, comme un exutoire", se rappelle-t-il.

Installé dans les Hautes-Alpes et devenu guide professionnel en 2016, il a rapidement atteint les sommets de sa discipline. En 2021, il a ouvert une nouvelle voie en duo avec le virtuose Charles Dubouloz, sur la face nord du Chamlang (7.319 mètres, Népal). Avant de pulvériser le record de vitesse d'ascension de Broad Peak (8.047 mètres, Pakistan) l'année suivante, avalé en 7 heures et 28 minutes, sans bouteille d'oxygène.

Retour au Pakistan ?

"J'aime bien aller vite, mais ce n'est pas tout. C'est une mise en danger consciente que je recherche. Cela m'apporte plus que de vivre dans une bulle où rien ne se passe. Ce sont des moments où l'on ressent la vie de manière plus intense et où l'on se découvre. Pour moi, il vaut mieux vivre dans du relief que dans un calme plat."

Derrière cet attrait pour les sensations fortes se cachent toutefois des "mois de préparation" à chaque expédition d'envergure. "Je compte bien vivre vieux ! Avec l'expérience et la maturité, j'ai appris à équilibrer mes jugements et à éviter de confondre vitesse et précipitation", estime-t-il, "même si en haute montagne, par essence, cela peut toujours mal se passer".

C'est le Graal. Se retrouver face à une face raide, sans avoir la moindre idée d'où passer.

Benjamin Védrines.

En tentant en 2022 l'ascension de l'un des sommets les plus redoutés du monde, le K2 (8.611 mètres, Pakistan), il souffre d'une "hypoxie sévère" et doit abandonner. "Je suis monté trop vite et la fatigue s'est accumulée. Je ne me souviens pas forcément de tout ce passage entre 8 000 et 8 400 mètres car j'étais dans un état de faiblesse intense. Cela a été une mauvaise expérience pour moi et j'ai mis entre parenthèses les expéditions un bon moment", relate-t-il.

Pour autant, il aimerait désormais "retourner un peu dans ses traces" au Pakistan et, surtout, rêve d'y ouvrir de nouvelles voies. "C'est le Graal. Se retrouver face à une face raide, sans avoir la moindre idée d'où passer. Un itinéraire jamais pris, ni par un humain, ni par un animal car ce n'est même pas vraiment pratique", note Védrines amusé.

Avec AFP

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