La garde à vue de l'homme interpellé ce mercredi 12 janvier, un motard aperçu près des lieux du crime en 2012, a été prolongée, a confirmé la procureure d'Annecy, dans la nuit du mercredi au jeudi 13 janvier.
La garde à vue de l'homme interrogé depuis ce mercredi 12 janvier dans l'enquête sur la tuerie de Chevaline, en Haute-Savoie, a été prolongée, a annoncé la procureure d'Annecy dans la nuit du mercredi au jeudi 13 janvier.
"Le juge d'instruction a décidé de la prolongation de la garde à vue actuellement en cours depuis ce matin (mercredi) 8h05", a tweeté la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis, peu avant minuit ce mercredi.
Dans un premier communiqué, elle avait indiqué que la garde à vue visait "à procéder à des vérifications d'emploi du temps". Des perquisitions avaient été menées chez cette personne, dont l'identité n'a pas été révélée.
La procureure a également affirmé que l'homme retenu depuis ce mercredi matin figurait parmi quatre témoins "remis en situation" et chronométrés, sur la base de leurs déclarations, sur les lieux du drame il y a un peu plus de trois mois.
Un motard déjà interrogé
L'avocat de cet individu, Jean-Christophe Basson-Larbi, a indiqué mercredi aux journalistes postés devant la gendarmerie de Chambéry qu'il s'agit d'un témoin mis hors de cause en 2015. Selon lui, la garde à vue n'est "pas justifiée" car ce dernier a "toujours eu à cœur de participer à la manifestation de la vérité".
Il a également ajouté que son client doit "bénéficier du droit au respect de sa vie privée, de la présomption d'innocence."
Quelques heures plus tard, des sources concordantes ont permis d'indiquer que l'interpellé n'est autre qu'un motard croisé, près des lieux du crime en 2012, par des agents de l'Office national des forêts (ONF). Cet homme, aperçu à l'époque en casque noir et avec un bouc, avait longtemps fait office de principal suspect.
Selon l'avocat, Jean-Christophe Basson-Larbi, son client est aujourd’hui considéré comme le suspect numéro 1 dans cette affaire. Il explique, ce jeudi 13 janvier, que des vérifications sur son emploi du temps sont toujours en cours.
Pour rappel, la loi indique qu'une garde à vue peut être prolongée si l'infraction reprochée est punie d'une peine de prison d'au moins un an. La prolongation doit être l'unique moyen d'atteindre un des objectifs qui a permis la garde à vue initiale, c'est-à-dire :
- Continuer une enquête avec la présence de la personne suspectée ;
- Garantir la présentation de la personne à la justice ;
- Empêcher la destruction d'indices ;
- Empêcher une concertation c'est-à-dire une conversation avec des complices ;
- Empêcher toute pression sur les témoins ou les victimes ;
- Arrêter l'infraction en cours ;
Un quadruple meurtre
Il y a neuf ans, sur une petite route forestière de Chevaline, Saad al-Hilli, 50 ans, ingénieur britannique d'origine irakienne, sa femme de 47 ans, et sa belle-mère de 74 ans, étaient découverts morts, tués par arme à feu, à l'intérieur d’un véhicule, une BMW immatriculée en Angleterre. Un cycliste avait donné l'alerte dans l'après-midi du 5 septembre 2012.
La voiture, dont le moteur était encore en marche, était criblée de balles. Au moins 25 douilles ont été retrouvées sur le sol. Les victimes ont reçu plusieurs balles dans la tête.
À proximité de la voiture, un autre corps avait été retrouvé : celui de Sylvain Mollier, un cycliste de 45 ans, probable victime collatérale. Il a été retrouvé mort à l'avant droit de la voiture à côté de son vélo.
L'une des filles du couple al-Hilli avait été grièvement blessée, ayant reçu une balle à l'épaule et souffrant de blessures au crâne. La seconde, cachée sous les jambes de sa mère, s'en était sortie sans grande blessure. Elle sera retrouvée plus de huit heures après la tuerie.
Cette affaire compte parmi les grandes énigmes judiciaires qui ont tenu la France en haleine ces cinquante dernières années. Elle a déjà donné lieu à des milliers d'heures d'enquête et d'auditions, des tonnes de documents épluchés et quatre interpellations, sans avoir pu être élucidée à ce jour.