L'éleveur de bisons Dominique Méridol avait saisi en référé le Tribunal Administratif de Grenoble, qui lui a donné raison pour la seconde fois. Le Mégevan pourra rouvrir son service restauration fermé par la Préfecture. En cause, les conditions d'abattage et de découpe des bêtes.
Des bisons dans les Alpages de Haute-Savoie, c'est une rareté qui n'avait pas manqué d'intéresser la presse déjà en 2007 (cf article du Figaro). Depuis 19 ans, le domaine de la Sasse a fait grandir son troupeau et conçu un service restauration qui propose de la viande de bison sous toutes les formes.
Le lieu est aujourd'hui renommé pour sa table et la beauté du domaine, apprécié de ses nombreux visiteurs. Et pourtant, il n'est pas facile d'accès, plus d'une demi-heure de marche sur une route escarpée.
Les bêtes sont élevées à 2.500 mètres d'altitude, tuées et transformées sur place. C'est là l'origine des soucis de l'éleveur mégevan, Dominique Méridol. Cet alpage il en a hérité de son grand-père, puis l'a perpétué en 1994 après l'instauration des quotas laitiers, avec une trentaine de bisons de Normandie.
Déjà inquiété en 2007, Dominique Méridol a reçu la visite de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) en février dernier. Dans la foulée, un arrêté préfectoral a suspendu l'activité de restauration de la Sasse et entraîné la saisie des viandes. Une décision contredite par le Tribunal de Grenoble le 30 mai.
Une nouvelle fois saisie par l'éleveur, la justice lui a une nouvelle fois donné raison.
Le bison, animal domestique ou sauvage ?
D'après la Directive européenne de 1993 qui réglemente la viande destinée à la consommation humaine, tout animal de ferme (bovins, ovins...) doit être abattu dans un abattoir agréé.
Le bison est-il considéré comme un animal de ferme ou comme un animal sauvage ? C'est toute la question dans ce duel qui oppose Dominique Méridol et la Préfecture de Haute-Savoie.
La justice avait déjà penché pour la seconde solution en 2007, lors du premier procès en correctionnelle. La préfecture avait alors déclaré la viande de l'éleveur "impropre à la consommation". Le tribunal avait donné raison à l'éleveur.
Dominique Méridol n'en démord pas, sa viande de bison est analysée à chaque abattage par des laboratoires reconnus. Et tous les documents lui sont favorables. Alors pourquoi un nouvel arrêté ?
Après ce second procès, l'éleveur dénonce un acharnement des services de la préfecture. "C'est un travail de titan que j'ai fourni pour arriver à ce résultat, et j'irai jusqu'au bout pour retrouver le respect qu'on me doit" martèle-t-il.
La préfecture de Haute-Savoie quant à elle précise qu'elle "étudie les suites judiciaires à donner"...