VIDEO. "Arrêter de nous prendre pour des blaireaux" : dans les ports du lac Léman, les anneaux s’arrachent

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Sur la rive française du lac Léman, il faut s'armer de patience pour décrocher une place à l'année dans un port. ©FTV / S. WORRETH, I. PERNET-DUPARC, S. VILATTE

Le problème s’amplifie sur les rives du lac Léman, en Haute-Savoie : les places dans les ports se font toujours plus rares. Il faut parfois attendre plus de 10 ans pour obtenir le précieux anneau qui permettra d’amarrer son bateau à l'année.

Philippe Sarnin est un homme heureux. "Je viens d’apprendre par le maire d’Yvoire que j’avais une place disponible au port", se réjouit le plaisancier. Quatre ans qu'il se trouvait sur la liste d’attente. Et qu’à chaque fois que lui prenait l’envie de naviguer, il fallait louer ou déplacer son embarcation sur une remorque.

Un casse-tête

"J’avais fait une demande dans les différents villages, explique-t-il. Malheureusement, on a tous la même réponse." A savoir : prendre son mal en patience. Le constat est partagé dans les 12 ports que compte la rive française du lac Léman, en Haute-Savoie : "On est saturés", reconnaît le maire de la cité médiévale, concessionnaire d'une installation de 450 anneaux.

Chaque fois que l’un d’eux se libère, l’équation est compliquée. "Les gens font leur demande en mairie, détaille Jean-François Kung. On réunit la commission avec le garde-port, le maire, la secrétaire qui gère le port. Et là, on décide si on prend le bateau ou on ne le prend pas. S’il y a la place, si ça rentre dedans, etc."

Contre les "bateaux ventouses"

Or la tendance, ces dernières années, est à des bateaux de plus en plus gros, au point que la commune n’autorise les changements de navires que s’ils conservent les mêmes dimensions. Et ce n’est pas le seul problème. "On a des bateaux qui deviennent sales, soupire l’édile. À ce moment-là, on prend des photos, on envoie un courrier indiquant que s’ils ne le remettent pas en état, l’année prochaine, on ne renouvelle pas la place."

Quatre missives sont parties cette année. La crainte : voir s’installer des "bateaux ventouses", qui ne sortent jamais mais occupent coûte que coûte un anneau. "Aujourd’hui, on a certains bateaux qui sont là pour conserver la place de port", se désole Philippe Sarnin, qui concède que "ça peut faire rager, mais quelque part, les personnes savent que c’est très long."

"Un port doit vivre, pour moi : comme un village, comme une ville", appuie-t-il. Une philosophie partagée par le maire, pas dupe de la spéculation en cours depuis des années. Si elle a un coût – jusqu’à 10.000 euros selon la taille et la motorisation -, la mise à disposition d’une place a surtout la valeur de la rareté et peut servir à gonfler les prix lors d’une vente. "Il faut arrêter de nous prendre pour des blaireaux !", soupire le maire. 

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