Pour espérer déterminer la nature de la matière sombre qui compose 95 % de l'univers, le Cern veut construire un futur collisionneur circulaire. Une partie de celui-ci se situerait en Haute-Savoie, où des études géologiques sont en cours.
Les scientifiques sont à l’œuvre sur le chantier ce mardi 26 novembre. Plusieurs couches de terre vont être forées pour étudier le terrain ici, à Allonzier-la-Caille, en Haute-Savoie. Dans quelques années, un accélérateur de particules ultramoderne devrait y voir le jour.
"On est sur un forage dans une zone où on a des intérêts à aller à des profondeurs de l’ordre de 370 mètres. On est à mi-parcours, c’est une activité qui va durer environ deux mois", explique Antoine Mayoux, ingénieur civil au Cern. Ces scientifiques sont en train de prélever des échantillons de terre sur plusieurs centaines de mètres. L’objectif : étudier la stabilité et la qualité des sols.
D’ici 2045, le Cern veut construire un tunnel circulaire à accélérateur de particules dans cette zone, à cheval entre la France et la Suisse. "Ces forages servent à définir plus précisément les conditions du sous-sol dans le cadre de l’étude de faisabilité du futur collisionneur circulaire", souligne le scientifique. Un premier rapport de faisabilité devrait être rendu en 2025.
Un projet titanesque
Le projet final est titanesque : un tunnel de 91 kilomètres de circonférence à 200 mètres sous terre en moyenne, trois fois plus grand que l’actuelle structure.
Un bijou technologique grâce auquel le Cern espère considérablement accélérer la recherche. "Les particules sont déjà quasiment à la vitesse de la lumière, donc on ne va pas forcément les accélérer, mais on va augmenter leur énergie, leur luminosité, on va réaliser des collusions d’un nouveau type qui vont permettre, on l’espère, de découvrir de nouvelles particules et des nouvelles interactions. Il n’y a pas, pour le moment dans le monde, de choses existantes qui soient comparables", détaille Yann Lechevin, chargé des relations institutionnelles au Cern.
"On cherche de quoi est faite la matière noire"
Car l’univers reste un vaste terrain de jeu à découvrir. Devant le bâtiment futuriste du Cern, situé à Meyrin en Suisse, le porte-parole, Arnaud Marsollier, le rappelle : "Il y a de la matière qui est présente, que l’on a appelé la matière noire et ça, c’est une grande énigme depuis un siècle maintenant. On cherche de quoi est faite la matière noire. Nous, on pense que la matière noire est peut-être des particules que l’on n'a jamais observées, que nous serions capables d’observer dans nos accélérateurs de particules, et qui nous permettrait d’expliquer la plus grosse partie de l’univers : celle qu’on ne connaît pas."
Après l'étude du terrain, la décision finale du lancement du projet sera actée en 2028. L'accélérateur de particules pourrait ensuite entrer en service dès 2040.