Confinement en ville, comme à la montagne, le couperet est tombé à Avoriaz en Haute-Savoie, forcée à l'hibernation. Plus de 10 000 vacanciers doivent alors partir en 48 h. Les stations ne savent pas encore...que les remontées mécaniques seraient condamnées
Confinement en ville, comme à la campagne et à la montagne, le couperet est tombé à Avoriaz en Haute-Savoie, encore plus tranchant peut-être dans la mesure où l'espace et les sommets semblaient à tous "ne pas représenter de danger, bien au contraire".
Toujours est-il que les professionnels ont dû évacuer du jour au lendemain près de 10 000 vacanciers, dans des conditions d'enneigement pourtant exceptionnelles. Sur toutes les lèvres, des mots qui évoquent le même sentiment : étrange. irréel, fin du monde...
Les gares routières sont saturées par les départs précipités. La calèche folklorique pour touristes ne fait plus que des trajets vers les quais d'embarquement. Les professionnels de la montagne en sont réduits à gérer les flux "alors que les chutes de neige sont exceptionnelles cette année" se désole ce jour-là Simon Richard, responsable de l'accueil à la station.
Il faut aussi "hausser le ton sur le front de neige pour faire rentrer les récalcitrants " s'agace un peu Michaël Ruysschaert de l'Office du Tourisme " les consignes passent mal on dirait, mal comprises, mal acceptées" et surtout confuses.
Les derniers qui refusent de partir pressentent déjà "qu('ils ne sont) pas plus mal ici au grand air, plutôt que coincés, confinés en ville chez soi".
Les acteurs de la montagne, eux, doivent congédier leurs saisonniers et voient déjà s'éloigner deux mois très importants pour la saison, mais tous ignorent encore que les remontées mécaniques resteront... au point mort.
"La montagne est en crise réelle, peut-être mortelle"
Gérard Mathis était à cette époque maire par intérim à Val-d'Isère, et il s'en souvient comme si c'était hier, avec une boule d'émotion dans la voix : " Ce fut un coup de tonnerre, une cacaphonie incroyable, faut mettre des masques, faut pas mettre de masques, de toute façon il n'y en avait pas. A la télé, au gouvernement, on disait tout et son contraire, ...(...) on pointait les clusters ici en Haute-Savoie" s'emporte-t-il.
" Vous savez, nous en montagne, on est fidèles à l'esprit de cordée, là, on s'est retrouvés sans repère, sans savoir que faire, on a compté nos anciens de plus de 80 printemps pour les surveiller"...
En altitude, les choses depuis se sont sérieusement compliquées, comme partout dans le monde et aujourd'hui Gérard Mathis perd espoir et lâche ses craintes dans cette seule phrase : " La montagne est en crise réelle, peut-être mortelle"
Soignants, malades, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe.