VIDÉO. Haute-Savoie : faut-il craindre une bétonisation du massif des Aravis ?

Une enquête publique fait du bruit dans les Aravis, celle du schéma de cohérence territorial. Un document censé déterminer un projet de territoire sur plusieurs communes pour harmoniser les politiques d'habitat, de transport ou d'écologie. Les opposants craignent une bétonisation du massif.

Les Aravis pourraient bien changer de visage dans les années à venir, une perspective qui fait frémir une partie des habitants du secteur. Perché entre Annecy (Haute-Savoie) et le Mont-Blanc, ce territoire va faire l'objet d'un réaménagement, sur les plans économiques, touristiques et du logement. Toutes ces perspectives sont dressées dans le projet de révision du Schéma de cohérence territoriale (Scot) Fier-Aravis. Un document rédigé par les élus de la communauté de communes de la Vallée de Thônes, faisant actuellement l'objet d'une consultation publique.

Et selon un dossier du Dauphiné Libéré, l'enquête aurait recueilli une majorité d'observation défavorable depuis son ouverture, le 7 décembre. C'est surtout la carte des aménagements touristiques qui fait craindre le pire aux habitants et militants pour la préservation de l'environnement. Que prévoit vraiment ce schéma ? Pourquoi certains le pointent-ils du doigt ? On fait le point.

 

Ce que prévoit le projet d'aménagement dans son volet touristique


Huit aménagements touristiques majeurs sont à retenir de ce schéma. D'abord, il y a la possible création de deux complexes, l'un sur le site de la Joyère, d'une capacité de 1 100 lits, l'autre du côté des Chênons où est également prévu un aménagement du front de neige et l'implantation d'une remontée mécanique.

En contrebas, les trois stations de La Clusaz, Saint-Jean-de-Sixt et Le Grand-Bornand pourraient être reliées entre elles par une télécabine passant par le Danay (1 731 m). Une quatrième liaison irait jusqu'au site nordique des Confins. A La Clusaz, un télésiège 4 places est en projet pour rejoindre Manigod par La Coverie. Trois pistes vertes seraient également ajoutées au domaine. Quant à la station de Saint-Jean-de-Sixt, elle accueillerait un centre d'hébergement jeunesse, notamment pour les classes de neige, d'une capacité de 200 lits.

Plus loin, dans la combe encore vierge de la Creuse, un nouveau télésiège de 6 places pourrait voir le jour. Et la création de deux pistes sur une superficie de 16 hectares dans cette même combe est évoquée dans le projet. Le réseau de pistes créé serait de 24 hectares au total.

Du côté de Thônes, le schéma prévoit la construction d'un ascenseur valléen depuis le site nordique de Beauregard, un plateau en grande partie classé Natura 2000. Enfin, vers le mont Lachat, la construction d'un télésiège de 4 places pourrait être rendu possible si le Scot est validé. La liaison partirait de la vallée du Bouchet pour monter jusqu'au pied du sommet où serait créé un réseau de pistes sur 10 hectares.

Tous ces aménagements seront rendus possibles si le Scot est validé par les autorités compétentes. Mais rien ne sera automatique pour autant, il reviendra aux maires des communes concernées d'entamer les démarches s'ils souhaitent aller au bout du projet. L'enquête publique, au cours de laquelle chacun peut donner son avis en ligne ou dans les lieux d'enquête, est en cours jusqu'au 8 janvier.
 
 

Ce que défendent les partisans


L'une des orientations de ce schéma est de redéfinir le développement touristique du secteur, notamment en reliant les trois stations de La Clusaz, Saint-Jean-de-Sixt et Le Grand-Bornand, comme s'il s'agissait de rattraper un retard économique. "On a eu un développement qui a été fait comme il a été fait, on aurait pu être plus dynamiques sur une certaine période, ça nous a permis d'avoir cet ADN, au niveau écologique, qui est très présent et qui va le rester", promet le président de Grand-Bornand Tourisme Pierre Missillier.

Le massif est effectivement reconnu pour son aspect préservé, avec des stations typiques. A travers ce réaménagement, les élus de la communauté de communes de la Vallée de Thônes veulent faire des Aravis une "destination touristique de référence", tout en préservant l'environnement, assurent-ils. "On ne va pas bétonner comme on a pu le voir ou le lire, c'est faux. On va rester dans tout cet aspect chalet, aménagement écologique", ajoute M. Missillier. Contacté, le président de la communauté de communes Gérard Fournier-Bidoz n'a pas pu s'exprimer, l'enquête publique étant en cours.

Hormis ce volet touristique, le projet de révision du Scot apporte des solutions aux problématiques de mobilité dans la vallée et d'accès au numérique. Des points qui semblent faire consensus, contrairement au développement économique, largement décrié par les associations oeuvrant pour la protection de l'environnement.

 

Ce qu'objectent les opposants


Parmi les opposants au projet, il y a certains paysans implantés sur ce territoire en tension permanente entre tourisme et agriculture. Pour le comité agricole de la Vallée de Thônes, le problème n'est pas territorial cette fois-ci. "On a un gros souci, c'est au niveau du logement des jeunes dans la vallée. Pour moi le Scot sert à ça, on est d'accord pour développer mais il faut faire du logement collectif, pour loger des gens du coin, pas des gens qui viennent un mois dans l'année", plaide Guillaume Burgat, son président.

De leur côté, les membres du collectif Fier-Aravis appellent à se prononcer contre le projet. Ils dénoncent des pratiques de développement d'une autre époque, tout comme la façon dont on concerte les habitants. "On n'a pas eu de débat, on n'a pas eu d'information, on a un mois pour donner notre avis, ce qui est super court parce qu'il y a 1 000 pages qui sont très lourdes, il y a beaucoup de sujets différents. Et on nous propose une vision à horizon 2030 en nous disant : « faites-nous confiance, sinon on meurt ». Mais non, ce n'est pas 100% pour ou 100% contre", estime Jordan Rémy, un membre du collectif.
 
France nature environnement (FNE) se montre plus contrastée sur le projet dans sa globalité. "La question des activités économiques est traitée positivement et le Scot révisé ouvre un certain nombre de perspectives prometteuses sur la question des mobilités, qu’il faudra bien évidemment concrétiser dans la décennie à venir", souligne l'association sur son site. En revanche, elle étrille le volet touristique du projet, pointant sa "dangerosité".

"En l'état, le projet « Grand domaine Aravis » n'est pas soutenable pour le territoire dans le contexte du changement climatique accéléré auquel nous sommes confrontés", juge FNE au regard, notamment, des impacts possibles sur la ressource en eau, les trafics routiers et la poursuite des constructions. Le préfet lui-même émet des réserves sur le volet touristique de ce Scot, au regard notamment des changements climatique en cours. Un argument supplémentaire qui pourrait pousser les élus à revoir leur copie.
 

 
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