A 39 ans, il est toujours roi en son palais. Mais après la patinoire Clémenceau de Grenoble, après les plus grandes arènes nord-américaines, le palais du roi Huet se trouve à Lausanne. Depuis deux ans, Cristobal Huet règne sur la patinoire Malley. Un sacré défi pour le meilleur gardien français!
Dire qu'à 39 ans Cristobal Huet reste le meilleur gardien du championnat Suisse pourrait suffire à poser l'homme. Mais ce serait oublier un peu trop vite un CV, un palmarès et une carrière hors normes. Car le Grenoblois, né à Saint-Martin-d'Hères et formé aux Brûleurs de Loups, est une légende dans le monde du hockey tricolore.
Après quelques années à Grenoble et un titre de champion de France 1998, "Cristo" se fait vite remarquer. Direction la Suisse, d'abord. Un championnat bien plus disputé, plus coriace. Une drôle d'expérience aussi. Là-bas, à Lugano, Huet est d'abord moqué. Imaginez: un p'tit Français qui vient défier les Suisses, un peuple où les garçons enfilent les patins en même temps que leurs premières chaussures.
Une bonne préparation pour le jeune joueur, la vingtaine à peine, avant de faire le grand saut jusqu'aux USA. Car si Cristobal Huet est aussi connu dans l'hexagone, son histoire s'est construite aux Etats-Unis. Là où un seul "Bleu", Philippe Bozon, avait réussi à percer avant lui.
Les Kings de Los Angeles, les Canadiens de Montréal, les Capitals de Washington: autant de noms qui font rêver tous les petits hockeyeurs à travers le monde. Autant de clubs au sein desquels Huet a évolué. Jusqu'en 2010, année de la consécration avec les Blackhawks de Chicago. Cette année-là, le "frenchie", devenu millionnaire et véritable star Outre-Atlantique, réussit l'impensable: soulever la Coupe Stanley. Le Graal. Le plus beau trophée au monde: celui de la meilleure équipe d'Amérique du Nord. Dans le monde du hockey, le voici roi!
Reportage Yoann Etienne et Jordan Guéant
Mais le succès fut pourtant amer pour le Grenoblois. Courtisé, désiré pour ses résultats et son taux d'arrêts (jusqu'à 93.6% avec Washington), il avait signé avec Chicago un énorme contrat de plus de 22 millions de dollars. Une somme bien trop importante dans un championnat où la masse salariale des clubs est limitée. Trop fort, mais trop cher, Cristobal Huet doit donc faire ses valises. Dire au-revoir à l'Amérique. Et rentrer en Europe. Un sacré revers de médaille...
Alors, pour son retour sur le vieux continent, le gardien-star choisit de nouveau la Suisse. Prêté par Chicago au HC Fribourg-Gotteron, il restera deux ans en première ligue helvète. Avant de partir vers Lausanne, en août 2012. Géographiquement, la distance n'est pas très importante. Mais sportivement, c'est une autre histoire. Le club valaisan évolue alors en LNB. La deuxième division. Mais il projette de remonter dans l'élite. Un rude défi dans un championnat au système très verrouillé.
Cristobal Huet a alors 37 ans. A l'âge où certains raccrocheraient les patins, lui repart donc pour une nouvelle aventure. Il le sait, il est alors la pièce maîtresse de Lausanne dans sa course à la remontée. Pas de quoi lui mettre la pression. Il sait gérer. La NHL a été sa meilleure école. Et son tempérament calme, posé, serein à toute épreuve, fait la différence. Le défi est finalement relevé. Huet fini meilleur gardien du championnat cette année là et même la suivante.
Plus que jamais, le Grenoblois est donc fidèle à son surnom: "Cristowall". Le Mur. Un mur qui, même à 39 ans, ne souffre d'aucune fissure. Et qui attend désormais les Mondiaux de 2017 en France pour, peut-être, mettre un terme sa carrière exceptionnelle.