Selon leur étude publiée ce 28 mai, ces chercheurs suisses suggèrent d'installer des panneaux solaires et des éoliennes dans les Alpes et dans le Jura pour compléter l'énergie hydraulique.ils misent à 75% sur l'énergie éolienne et 25% sur l'énergie solaire pour atteindre la neutralité carbone,
"Nous savons que ce scénario est provocateur. Nous voulions toutefois mener la réflexion jusqu’au bout afin de montrer la voie la plus efficace, même si elle semble radicale, tout en sachant que le monde politique choisira une voie médiane, située entre ce scénario et la situation actuelle", explique Jérôme Dujardin, premier auteur et doctorant en sciences et ingénierie de l’environnement à l’EPFL.
L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a mis au point avec l'Institut WSL pour l'étude de la neige et des avalanches, un modèle qui vise à déterminer "quelles sont les énergies renouvelables les plus pertinentes à installer pour compléter celle des centrales hydrauliques".
Panneaux solaires dans les Alpes
Selon Michael Lehning, co-auteur de ces travaux, "Notre étude confirme qu’il y a une vraie opportunité, y compris économique, à installer des panneaux solaires dans les Alpes. L’ensoleillement y est fort durant l’hiver et le réseau électrique existant lié à la production d’énergie hydraulique pourrait servir à transporter cette énergie en plaine.(...)
Cette opportunité est également valable pour les éoliennes en milieu alpin, qui recèlent des potentiels encore cachés, du fait de la complexité topographique des Alpes".
"Notre étude confirme qu'il y a une vraie opportunité, y compris économique, à installer des panneaux solaires dans les Alpes", a fait valoir le professeur Michael Lehning, co-auteur de l'étude.
"L'été, la Suisse regorge d'énergie hydraulique plutôt inutile en cette saison", a-t-il expliqué, "les panneaux solaires installés en milieu alpin constituent un bon complément car ensoleillement y est fort durant l'hiver".
Le modèle a été mis au point en tenant compte de la topographie de la Suisse, de ses microclimats, du stockage de l'énergie hydraulique et des échanges d'énergie avec les pays limitrophes.
Ce modèle a été paramétré de manière à garder une distance minimale de 500 mètres entre les nouvelles éoliennes et les habitations, d'éviter les glaciers, fortes pentes et forêts ainsi que le parc national.
Le Jura, champion de l’éolien
L’étude montre que le Jura est la région la plus intéressante pour l’installation d’éoliennes et que des territoires inhabités recèlent encore beaucoup de potentiel. A elle seule, la région représente 40% des installations préconisées par le modèle. Viennent ensuite les Alpes et les Préalpes.
En revanche, "l’installation massive de panneaux solaires sur les toits des villes n’est pas pertinente, principalement en raison de la trop importante couverture nuageuse durant la saison froide". Pour déterminer où installer des panneaux solaires, le modèle a également évité les versants des montagnes orientés au nord.
D'après leurs calculs, la Suisse pourrait avec ce modèle réduire de 80% sa dépendance énergétique aux pays voisins durant l'hiver.
Selon les dernières chiffres, les centrales hydroélectriques ont fourni 58,1% de la production totale d'électricité en Suisse l'an passé; les centrales nucléaires, 32,9%, les centrales thermiques conventionnelles et les installations renouvelables 9% de la production.
Cas d'étude
La Suisse a servi d’étude de cas aux scientifiques. Leur nouvelle méthode d’optimisation," qui s’inspire de l’évolution du vivant, vise à éprouver différents scénarios et à combiner de manière optimale les énergies renouvelables, afin de trouver le scénario le plus efficace et neutre au niveau carbone.
Selon les chercheurs, leurs travaux devraient motiver les pouvoirs publics à s’intéresser à ces opportunités