Inédit en France : un plan de lutte contre l'ozone en Auvergne-Rhône-Alpes, ce polluant mal connu aux effets inquiétants

L'ozone est un polluant nocif pour notre santé, pour l'agriculture, et même pour les matériaux employés dans le BTP. Mal connu, il ne cesse de croître en Auvergne-Rhône-Alpes. L'Etat lance un plan inédit pour en limiter la présence dans l'air de notre région.

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La qualité de l'air a connu une embellie récente en Auvergne-Rhône-Alpes. "En 2020, on a effectivement enregistré des résultats intéressants, qui montrent des améliorations très significatives", rappelle le président d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes Eric Fournier. Le suivi des polluants réglementés, comme les particules fines et les dioxydes d'azote, montre une baisse.

Deux facteurs ont conduit à ce résultat satisfaisant : le contexte sanitaire, qui a permi une limitation de la pollution, et des conditions météorologiques plus favorables que d'autres années. 

Une année de baisse des principaux polluants

Dans le détail, "on note notamment une diminution importante du dioxyde d'azote, lié entre autres au ralentissement du trafic routier. Il n'y a plus que quelques centaines de personnes -et c'est déjà trop- qui sont exposées sur le territoire lyonnais" commente Didier Chapuis, le directeur d'Atmo. Mieux encore : globalement la baisse de pollution, déjà amorcée en 2020, a encore gagné 20% avec les différents confinements.

Concernant les autres particules fines (PM10 et PM 2,5), les aspects réglementaires sont plutôt respectés. Mais il reste un chemin à parcourir "En ce qui concerne les PM 2,5, on a toujours une large part de la population, soit 1,5 million d'habitants, qui sont impactés par le dépassement des seuils fixés par l'Organisation mondiale de la santé". 

Dans les cinq zones les plus sensibles de la région (Vallée du Rhône, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Grenoble et Vallée de l'Arve) qui font l'objet d'une surveillance particulière, le constat est également encourageant. "C'est notamment le cas de la Vallée de l'Arve. C'est intéressant de voir que les travail de tous... Collectivités locales, industriels, associations et Etat, qui se mobilisent et construisent ensemble des politiques publiques sur ces sujets... commence à obtenir des résultats" confirme Alain Fournier.

L'ozone en ligne de mire

Face à ces constats encourageants, demeure toutefois le mauvais élève de la classe : l'ozone, encore très présent dans notre région.

"Avec la Dreal, Atmo a choisi de faire un focus sur l'ozone parce que, même si l'évolution est positive dans la région (une baisse de 9% en 2020), on a encore des populations exposées à cette pollution. On estime à environ un million d'habitants qui sont susceptibles de connaître des mesures d'amélioration globale sur la qualité de l'air. Mais pour l'ozone, la marge est encore plus grande : près de la moitié de la population régionale est concernée" déplore le président d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.

4 millions d'habitants impactés dans notre région

"Une dizaine de départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes est concernée par des valeurs d'ozone trop importantes pour notre santé en 2020, soit environ 4 millions d'habitants", détaille Didier Chapuis.

Les habitants particulièrement concernés se situent essentiellement sur un axe qui va de Valence à Genève, avec des départements très impactés, comme la Drôme, l'Isère où une grande majorité de la population est impactée par des concentrations d'ozone au delà des valeurs sanitaires. Mais la Haute-Savoie, l'Ain et l'Ardèche sont également assez touchés. En revanche, l'ozone est relativement moins présent en Auvergne. 

A l'inverse des autres polluants, la concentration d'ozone est en augmentation constante depuis plusieurs années. Avec, quand même, une bonne nouvelle : "Cette augmentation a ralenti en 2020 (+13% au lieu de 22% précédemment). Cela s'explique à nouveau, pour moitié par un été tardif et par les confinements qui ont réduit l'utilisation des polluants" détaille le directeur d'Atmo.

Un polluant sensible aux saisons, aux effets négatifs multiples

L'ozone est un polluant plus complexe, à forte corrélation saisonnière. C'est, en particulier, le seul polluant dont les concentrations demeurent plus importantes qu'il y a dix ans. "Il est devenu indispensable de s'attaquer aux émissions polluantes liées aux transports, aux activités économiques, mais aussi d'un certain nombre d'éléments industriels comme les solvants utilisés au quotidien" conclut le président d'Atmo Fournier.

L'ozone est capable d'attaquer tout ce que l'on construit

Didier Chapuis Directeur d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes

S'ils provoque des toux, des essouflements et des éruptions nasales ou une sensibilisation accrue -y compris occulaire-, les effets néfastes de ce polluant ne se limitent pas à la santé humaine. L'ozone détériore aussi les productions de certains végétaux. "C'est aussi un paramètre que l'on étudie, car il peut avoir un impact économique", explique Didier Chapuis.

"La présence d'ozone peut entraîner des baisses de rendements agricoles et forestiers" confirme Yannick Matthieu, le directeur régional adjoint de la Dreal "Il a aussi une capacité à attaquer nos constructions, avec des phénomènes de corrosion augmentée. Il est capable d'attaquer tout ce que l'on construit."

Comment agir pour limiter les concentrations d'ozone

Pas si simple de s'en débarrasser... On ne retrouve pas l'ozone à la sortie d'un pot d'échappement ou d'une cheminée. "Il se forme sous l'action des rayonnaments solaires, qui transforme des polluants précurseurs. Parmi eux, on trouve l'oxyde d'azote, notamment. Ce dernier provient essentiellement du trafic routier, des activités économiques, et même des actions des particuliers, lorsqu'on utilise des produits ménagers, des solvants" explique Didier Chapuis.

A cela s'ajoute le méthane, essentiellement émis par les activités agricoles et certains secteurs industriels: "On peut avoir des actions à court-terme pour limiter les concentrations d'oxyde d'azote, mais aussi à plus long terme". Des actions compliquées, car l'ozone ne réagit pas de la même manière en fonction des saisons, ni des territoires (urbains ou ruraux).

La DREAL part en guerre contre l'ozone avec son plan régional

Pour faire face à cette pollution à l'ozone, l'Etat a décidé d'incorporer dans sa stratégie "eau-air-sol" un "plan d'actions ozone" unique en France. "L'idée est d'identifier les leviers les plus efficaces possibles. Détruire l'ozone est une tâche complexe. On est vraiment modeste sur le niveau de connaissance de ce polluant" explique d'emblée Yannick Matthieu, de la Dreal.

"On a donc lancé, avec une cinquantaine d'acteurs, un plan de réflexions. Beaucoup d'idées ont été proposées, et ont donné naissance à une vingtaine de fiches-action. Le plan s'articule autour de trois axes fondamentaux : améliorer notre connaissance du phénomène, développer l'information et la sensibilisation, et enfin trouver des leviers réellement opérationnels" détaille-t-il

Détruire l'ozone est une tâche complexe. On est vraiment modeste sur le niveau de connaissance de ce polluant

Yannick Matthieu, directeur régional adjoint de la Dreal

Agriculture, trafic, forêt, bâtiment : tout le monde est concerné

Les agriculteurs sont à la fois victimes et en partie responsables de cette pollution à l'ozone, par le biais du méthane. Mais aussi la mobilité, qui impose d'agir sur les moteurs thermiques, en encourageant le télétravail, le co-voiturage. "On va aussi fortement se baser sur le principe de la vignette Crit'air, qui est une sorte de précurseur de conscience" précise Yannick Mathieu.

Les milieux forestiers sont également émetteurs, et il faudra sans doute mieux sélectionner les espèces moins émettrices que l'on peut planter. "Un autre moyen d'agir consiste à mieux sélectionner les matériaux utilisés dans les BTP pour limiter encore les émissions d'ozone" ajoute-t-il

Ce plan, qui s’appuie notamment sur les travaux d’analyse d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes visant à identifier les leviers d’actions les plus efficaces, va être décliné à plusieurs échelles et particulièrement au niveau des cinq zones surveillées de notre région. "On pense aussi à agir sur d'autres territoires, en périphérie de grandes villes. Ce polluant a l'avantage de réunir contre lui tout le monde. Le Préfet de région doit approuver ce plan prochainement" conclut le responsable de la Dreal.

Une nouvelle bataille est lancée... durablement.

 

 

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