INFO FRANCE 3. Savoie : plusieurs éleveurs perquisitionnés après l’empoisonnement de deux loups dans le parc de la Vanoise

Le mardi 24 mai, plusieurs exploitations d’agriculteurs savoyards ont été perquisitionnées. Gendarmes et agents de l'Office Français de la Biodiversité sont intervenus dans le cadre d’une enquête ouverte en mars 2021, après l’empoisonnement de deux loups et deux gypaètes barbus - des espèces strictement protégées - dans le parc national de la Vanoise.

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Qui a empoisonné des animaux protégés ? Et pourquoi ? Ces deux questions sont au cœur d’une enquête judiciaire ouverte par le parquet d’Albertville il y a plus d’un an et qui n'a pour le moment rien donné.

Tout commence en mars 2021, lorsque deux cadavres de loups sont découverts par des gardes du parc de la Vanoise, en Savoie. Quelques semaines plus tard, ce sont deux gypaètes barbus, un adulte et un poussin, qui sont retrouvés morts dans leur nid. La perte de ces rapaces, issus d’une espèce protégée comme le loup, "représente un préjudice important pour l’évolution de l’espèce", expliquait à l'époque le Parc national de la Vanoise, car un gypaète barbu met "7 ans à atteindre la maturité sexuelle et ne produit qu’un seul jeune tous les 2 à 3 ans, en moyenne."

A cette liste s’ajoute, dans les semaines suivantes, le décès inexpliqué d’une dizaine d’animaux sauvages dont un renard et une fouine.

Face à ces morts suspectes, une enquête judiciaire est ouverte le 30 avril 2021 par la procureure de la République d'Albertville, en co-saisine entre la gendarmerie, l’Office français de la biodiversité (OFB) et le parc de la Vanoise. 

Des analyses sont effectuées sur les cadavres et révèlent que les animaux ont tous été empoisonnés. Selon nos confrères du Monde, ils auraient été intoxiqués avec des insecticides de la famille des carbamates, mortels même à toute petite dose. Ces substances sont pourtant interdites dans l’Union Européenne et en France depuis 2008.  

Plusieurs perquisitions chez des éleveurs 

Ces substances illicites sont-elles celles que cherchaient les gendarmes la semaine dernière ? Plus d’un an après l’ouverture de l’enquête, le syndicat agricole FDSEA 73 a annoncé que "onze exploitations agricoles de Haute-Maurienne" avaient été perquisitionnées par les forces de l’ordre le 24 mai.  

"Six bonhommes qui débarquent chez vous à 7h15 du matin, avec pour certains des gilets pare-balles, on se dit qu'on est pris pour des délinquants", raconte Michel, l’un des éleveurs perquisitionnés et secrétaire général de la section savoyarde de la FDSEA.

Contactée, la procureure de la République d’Albertville confirme que "des perquisitions" ont bien eu lieu chez plusieurs agriculteurs fin mai, refusant toutefois de préciser si des éléments permettant de faire le lien avec l’empoisonnement des loups avaient été retrouvés. 

Qui veut la peau du loup ? 

Bien qu’aucun lien ne soit pour l’heure établi, l’hypothèse selon laquelle le poison visait les loups - quitte à faire des victimes collatérales comme les gypaètes barbus - est dans tous les esprits. C’est notamment l’analyse de Marie-Paule de Thiersant, présidente de la Ligue de Protection des Oiseaux en Auvergne-Rhône-Alpes. "Ce qui a pu se passer, c’est qu’on a mis du poison sur des bouts de viande, expliquait elle au micro de France 2 en février dernier. Ces bouts de viande ont été disséminés dans la nature, en espérant que le loup vienne les manger. Ce qui a été le cas, car deux loups sont morts. Mais il n’y a pas eu que le loup : il y a eu le renard, des corvidés et en bout de chaîne le gypaète barbu".

Quelques semaines avant les découvertes de cadavres, plusieurs meutes de loups avaient été aperçues aux alentours de Modane, en Savoie.

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Une meute de loups a été filmée dans le quartier de Loutraz de Modane, en Savoie, par de jeunes internautes. ©DR

La cohabitation avec le prédateur est d’ailleurs source de grandes tensions pour les éleveurs et les chasseurs, qui réclament régulièrement à la préfecture le droit d’abattre davantage de loups.

Selon la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes3093 animaux d’élevage ont été tués par les canidés en 2020 dans les trois départements des Alpes.

Interrogé par nos confrères de France 2, Jean-Claude Raffin, le maire de Modane, estime que le ou les auteurs de l’empoisonnement du loup ont voulu marquer leur exaspération devant sa prolifération dans le massif. "Je pense que c’est plus un cri d’alarme, explique-t-il. Ils ont l’impression que rien ne se fait, et pour eux c’est un moyen extrême, que je condamne, de se faire entendre".    

"C'est de l'agri-bashing"

De leur côté, les éleveurs nient avoir une quelconque responsabilité dans l’affaire. "C'est de l'agri-bashing, déclare René Féchoz, l’un des membres de la FDSEA 73 qui a mis en place une cellule d'écoute psychologique pour les agriculteurs concernés. On n’apprécie pas ce genre de méthodes. Surtout en ce moment avec les attaques de loups que subissent nos éleveurs".

"D'autant que l'on avait rien à se reprocher, ajoute encore un éleveur. La meilleure preuve, c'est qu'ils n'ont rien trouvé. Mais vous imaginez le choc que ça a causé dans nos villages de voir un déploiement de force comme celui-là !".

A la suite de ces perquisitions, le Parquet d’Albertville assure qu’une communication officielle sur l’affaire sera faite prochainement, "en partenariat avec la gendarmerie et la police de l’environnement". Contacté, le parc national de la Vanoise n'a pas souhaité faire de commentaire. 

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