Aloes qu'Albertville célèbre les 20 ans de ses JO, l'héritage de l'événement est encore vivace en Savoie.
Avec la construction de nombreuses infrastructures routières et sportives, les jeux Olympiques d'Albertville de 1992 ont permis à la Savoie d'accélérer son développement touristique, même si le coût de certains équipements pèse encore sur le budget des collectivités.
"On a gagné 20 ans", assure Hervé Gaymard, président du conseil général de Savoie. "Si on n'avait pas eu les Jeux, on parlerait encore de travaux à réaliser." Parmi les héritages les plus visibles laissés par les Jeux, les infrastructures routières arrivent en effet en tête : prolongement de l'autoroute A 43 entre Chambéry et Albertville, 2x2 voies jusqu'à Moûtiers.
"Cela a désenclavé la vallée", souligne M. Gaymard. Car "le drame de la Tarentaise, c'est qu'on y a construit les stations (de ski) avant de construire les routes. On avait un retard énorme", souligne-t-il.
Ce désenclavement, qui a permis de rompre avec les bouchons monstres du passé, "on le ressent toujours", confirme Richard Broche, maire de Mâcot-La Plagne, commune où est située la station du même nom. "Si on n'avait pas eu les Jeux, ça serait catastrophique en termes de circulation", ajoute-t-il.
De même, l'électrification de la ligne ferroviaire jusqu'à Bourg-Saint-Maurice permet à des milliers de skieurs de se rendre en TGV au pied des montagnes. A cela s'ajoutent les travaux d'embellissement de la vallée via la suppression de friches industrielles et la rénovation de nombreux hôtels.
Par ailleurs, l'extraordinaire médiatisation des Jeux a constitué une formidable vitrine pour les produits savoyards, avance René Chevalier, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Chambéry.
"Aujourd'hui, le monde entier connaît le Beaufort et l'opinel et les Jeux en sont en partie responsables. Et quand vous dites à l'étranger que vous êtes savoyard, tout le monde pense aux JO", raconte-t-il.
Vingt ans après, le bilan économique apparaît donc plutôt positif pour ce département qui réalise 50% de son activité autour du tourisme. D'autant que le déficit des Jeux (42,5 millions d'euros) a été en grande partie épongé, même si certains équipements construits pour l'occasion pèsent encore sur les budgets publics.
Ainsi, le tremplin de saut de Courchevel affiche un déficit de 300.000 à 400.000 euros par an, la piste de bobsleigh de La Plagne perd 250.000 euros tandis que la Halle olympique d'Albertville coûte 600.000 euros. Mais pour le maire de La Plagne, "le jeu en vaut la chandelle" car la piste de bobsleigh, la seule en France, est "un outil de communication important" pour la station.
A Albertville, la rénovation de la Halle pour 6 à 7 millions d'euros est programmée, de même que celle de l'hôpital, construit "à l'économie" pour les Jeux et qui "n'a pas été une grande réussite", selon le maire Philippe Masure. Surtout, la ville veut capitaliser sur sa renommée mondiale car "la grande majorité des touristes ne fait que passer" avant de monter en station, ajoute-t-il.
Une des communes qui a le plus profité des Jeux est paradoxalement celle qui était le plus mal en point à leur issue. Brides-les-Bains (600 habitants), qui avait abrité le village olympique, s'était retrouvée en quasi-faillite dès 1992 en raison d'investissements colossaux.
Aujourd'hui, la station thermale est devenue une station de sports d'hiver grâce à la télécabine qui la relie au domaine skiable des Trois Vallées, construite à l'occasion des Jeux.
Ses hôtels, qui n'ouvraient que d'avril à octobre, sont désormais remplis onze mois sur douze, générant une importante taxe de séjour. Et la commune a ramené son endettement à zéro.