Avalanche : pas d'interdiction en montagne

Après l'avalanche meurtrière du Mont Mauduit, il n'est pas d'actualité d'interdire la montagne.

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Jean-Michel Asselin invité de France 3 Alpes

Jean-Michel Asselin, alpiniste, himalayiste, écrivain, est venu sur France 3 Alpes donner son point de vue sur le drame survenu au Mont Maudit.

Secoués" par l'avalanche qui a fait neuf morts au Mont-Blanc, les professionnels et spécialistes de la montagne n'entendent pas pour autant interdire telle ou telle voie d'ascension jugée dangereuse, estimant que le risque est inhérent à la pratique de l'alpinisme.

"Ce n'est pas d'actualité", assène d'entrée Jean-Louis Verdier, adjoint à la montagne et à la sécurité au maire de Chamonix: "on est un peu secoués par un tel accident mais ce n'est pas pour autant qu'il faut interdire la montagne".


 Relancée après chaque catastrophe, la question de l'interdiction de certaines voies exposées fait l'unanimité dans la vallée du Mont-Blanc.
 "Concrètement, c'est impossible. On ne peut pas mettre un policier sur chaque sentier", remarque Yann Delevaux, guide de haute montagne et directeur de "La Chamoniarde", société de prévention et de secours en montagne.
 "Et éthiquement, nous avons toujours défendu le libre accès et la responsabilisation des acteurs. En informant les gens, on essaie de diminuer les risques qu'ils prennent", ajoute-t-il


 "Si on ferme, ça suppose qu'on rouvrira. Mais on ne pourra jamais rouvrir avec la certitude qu'il n'y a plus de danger. Donc, ça n'a pas de sens de fermer", estime pour sa part Jean-Baptiste Estachy, commandant du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix, dont les hommes sont en première ligne à chaque catastrophe.
 "responsabilité" et "acceptation du risque"


 "Ce n'est pas la bonne approche de la montagne", poursuit-il. "On ne peut pas aller en montagne sans un certain engagement. Et ça suppose de la responsabilité individuelle et une certaine acceptation du risque. Le risque, on peut le restreindre, le contenir, mais on ne peut pas l'abolir".


 "C'est comme si on disait qu'il faut interdire la mer ou les piscines parce qu'il y a beaucoup de noyades chaque été", rebondit Yann Delevaux.
 "Sur le Mont-Blanc, il y a un problème d'accueil", reconnaît-il cependant: "c'est un phare qui attire des alpinistes de tous niveaux, de tous horizons et il se trouve que les voies d'accès ont du mal à tous les accueillir".


 Les candidats au toit de l'Europe, au nombre de 20.000 chaque été, sont parfois prêts à prendre des risques inconsidérés pour atteindre leur objectif.
 "Les gens sont tellement investis dans le Mont-Blanc qu'ils ont parfois du mal à faire demi-tour. Nous, les guides, on est souvent obligés de les calmer et de les obliger à faire demi-tour", témoigne Daniel Rosetto, guide indépendant de 63 ans, qui figure parmi les rescapés de l'avalanche de jeudi.


 "Quand j'étais jeune, les gens faisaient le Mont-Blanc après dix ans d'alpinisme", se souvient-il, "maintenant, c'est un challenge: ils font un saut en parachute, un saut à l'élastique et le Mont-Blanc".
 "Le problème, c'est la banalisation du Mont-Blanc, au nom d'une société trop tournée vers l'intérêt financier", juge Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-les-Bains, une commune d'où part la voie "normale", la plus fréquentée pour accéder au sommet du Mont-Blanc.


 Pas favorable à une interdiction pure et simple, M. Peillex évoque cependant la possibilité de limiter le nombre des candidats à l'ascension, via un "permis Mont-Blanc" ou l'obligation de partir avec un guide local "qui connaît le terrain".


 "Cette ascension n'est pas à traiter comme un problème d'accès à la montagne. Le Mont Blanc est tellement spécifique, particulier et attractif qu'il nécessite une réglementation particulière", estime-t-il.

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