Six alpinistes français sont morts ou disparus dans l'avalanche du Manaslu. La plupart était des Pays de Savoie.
Mardi 25 septembre, une équipe de sherpas a repris les recherches au Népal pour tenter de retrouver les deux derniers Français et un Canadien portés disparus après l'avalanche meurtrière. La police locale craint que les alpinistes aient été emportés et gisent dans une crevasse, leurs corps pourraient ne jamais être retrouvés.
Lundi 24 septembre en fin de matinée, le syndicat des guides de Chamonix avait annoncé qu'il y avait peu d'espoir de retrouver ces disparus vivants. Au Népal, les recherches en hélicoptère venaient d'être suspendues.
"J'ai la tristesse de dire que la possibilité que les disparus aient survécu à l'avalanche s'est presqu'évanouie", a déclaré le porte-parole du ministère du Tourisme, Balkrishna Ghimire.
"L'avalanche s'est produite à 7.300 m, une altitude très élevée. Même si les alpinistes disparus sont seulement blessés, il sera très difficile pour eux de rester en vie. Il n'y a pas d'implantation humaine et personne d'autre à cette altitude pouvant les aider et les soigner", a-t-il ajouté.
Le bilan
Sur la dizaine de victimes, huit avaient été identifiées dès dimanche soir : les quatre Français (trois guides de Chamonix et un moniteur de ski de Courchevel), d'un guide népalais, d'un Espagnol, d'un Allemand et d'un Italien.
Les victimes faisaient partie d'un groupe de 25 à 30 alpinistes sur le point d'atteindre le sommet de ce mont parmi les plus dangereux du monde, lorsque leur camp de base a été frappé par un mur de neige et de glace dimanche à l'aube.
L'émotion des guides de Chamonix
Pour le vice-président du Syndicat National des Guides de Montagne, Christian Trommsdorff, "ce drame touche durement notre profession, c'est le bilan le plus lourd enregistré depuis l'accident d'avalanche du Kang Guru en 2005 au Népal", sept Français et onze accompagnateurs népalais avaient trouvé la mort.
A Chamonix en Haute-Savoie, la communauté montagnarde, une nouvelle fois durement frappée, attendait avec angoisse l'identification des victimes, sans grand espoir de retrouver des survivants.
"A cette altitude, les secours sont très compliqués et il faudrait un miracle" pour retrouver les trois alpinistes français toujours portés disparus, a déclaré dimanche Eric Favret, président de la compagnie des guides de Chamonix.
"L'émotion est toujours aussi intense ! On ne s'habitue jamais, surtout quand on voit la vitesse à laquelle s'enchaînent les événements", a-t-il ajouté, en allusion à l'avalanche du Mont Maudit dans le Mont-Blanc, qui avait tué neuf alpinistes étrangers, le 12 juillet dernier.
Les faits
Selon l'un des survivants italiens, un sérac s'est détaché du flanc de la montagne à environ 7.400 m et aurait provoqué, en tombant, une avalanche qui s'est abattue sur le camp de base n°3.
A ce moment-là, tous les alpinistes dormaient dans les tentes avec les sherpas et ont été frappés de plein fouet par l'énorme masse de neige et de glace, a déclaré l'alpiniste à l'agence Ansa.
"Tout à coup, il a fait nuit noire", a raconté un survivant de nationalité allemande, Andreas Reiter, 26 ans. "J'ai compris que nous devions être sous une avalanche. J'ai vu un membre de l'équipe mourir", a-t-il dit depuis son lit d'hôpital à Katmandou, cité par le Himalayan Times.
Le Népal
Le Népal compte huit des 14 plus hauts sommets du monde (plus de 8.000 mètres), dont le plus élevé de tous, l'Everest. L'Himalaya attire chaque année des milliers d'alpinistes, surtout au printemps mais également fin septembre et en octobre, après la mousson.
Le pire accident de montagne qu'ait connu ce pays remonte à 1995, lorsqu'une gigantesque avalanche avait frappé le camp d'un groupe de Japonais dans la région de l'Everest, faisant 42 morts.
En vidéo, les noms des victimes - lundi 24/09
En vidéo, en direct de Chamonix - dimanche 23/09
En vidéo, l'interview de Christian Trommsdorff