Laurent Wauquiez et Arnaud Montebourg sont venus à Yssingeaux
Lejaby : les politiques s'en mêlent
Laurent Wauquiez ce matin, Arnaud Montebourg cet après midi. Le personnel de Lejaby a eu droit à un défilé d'hommes politiques ce vendredi. A moins de 3 mois des présidentielles, l'avenir des 93 salariés d'Yssingeaux est devenu un véritable enjeu dans la course à l'Elysée...
Le ministre UMP Laurent Wauquiez et le secrétaire national du PS Arnaud Montebourg sont venus tour à tour vendredi au chevet de l'usine Lejaby d'Yssingeaux, menacée de fermeture, avec chacun ses propositions pour faire redémarrer l'atelier de confection française.
Le maire du Puy-en-Velay et ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, a annoncé dans la matinée être en contact "avec neuf repreneurs industriels" dont trois "très sérieux".
Les deux premiers sont dans le secteur du textile - un Français en lien avec des entreprises italiennes, une PME rhônalpine - et le troisième, né à Yssingeaux, est dans la maroquinerie de luxe. Ils reprendraient entre 50 et l'ensemble des 93 salariés de l'atelier, dont 90 femmes.
L'ancien secrétaire d'Etat à l'Emploi, qui a dit mener ici "une bataille personnelle" pour la Haute-Loire, a aussi affirmé que deux millions d'eurosétaient réservés pour la réindustrialisation du site.
"Mon obsession est de garder un site de production ici", a insisté M. Wauquiez, qui a expliqué s'être déjà battu avec les dirigeants du fabricant de lingerie il y a deux ans pour le maintenir, lors d'un précédent plan social.
Interrogé par "Bernadette" ou "Catherine", qu'il tutoie et prend par l'épaule, le ministre a dit avoir "bien en tête la pendule" avant l'envoi des lettres de licenciement autour du 7 février, et entendre leur volonté de "garder leur emploi".
La CGT, par la voix de Maurad Rabhi de la fédération textile, a réclamé des pré-retraites pour les plus âgées.
Devant les messages "Sauvons le +made in France+" affichés sur les murs de l'usine ouverte en 1973, M. Wauquiez a martelé qu'"il n'y avait pas de fatalité". M. Montebourg, venu une première fois vendredi dernier, avait employé les mêmes termes.
"Je veux pas qu'on vende (aux salariés) des illusions", lui a lancé M. Wauquiez par médias interposés. René Ricol, le commissaire général à l'investissement et conseiller de Nicolas Sarkozy, a reproché à M. Montebourg une "utilisation de la misère" des Lejaby,
dans une interview au Progrès à paraître samedi.
Missionné par François Hollande, l'élu de Saône-et-Loire a de son côté plaidé vendredi après-midi pour "l'union des efforts". "Je vais appeler Laurent Wauquiez pour lui dire que maintenant, nous devons travailler ensemble", a-t-il dit.
L'ex-candidat aux primaires socialistes est venu accompagné d'un possible repreneur, Assya Hiridjee, ancienne responsable de la licence Kookaï Lingerie, à l'époque où celle-ci était détenue par Princesse Tam Tam (lingerie féminine).
Ce sont ses deux soeurs, Loumia et Shama Hiridjee, qui avaient fondé ce groupe français en 1985. Loumia a été tuée dans les attentats de Bombay en 2008.
Assya veut lancer prochainement une marque de lingerie "made in France", mais s'est peu vancée pour Yssingeaux. "C'est une très jolie usine... Nous avons besoin de réfléchir", a-t-elle déclaré au sortir d'une réunion avec des syndicalistes et des élus régionaux.
Elle a cependant été applaudie par les salariés, qui voient défiler depuis quelques jours plusieurs entrepreneurs du textile ne souhaitant pas toujours dévoiler leurs intentions.
Finalement, sur toutes ces propositions de relance, "on en est au stade de faire connaissance", a remarqué Bernadette Pessemesse (CGT), qui a cependant retrouvé un "espoir".
Nombre de salariés ont fait part de leur méfiance à l'égard de toute "récupération" du dossier, en regrettant que les politiques ne soient pas venus plus tôt.
Elles occupent l'usine depuis dix jours et reçoivent des soutiens de toute part, y compris financiers.