La candidate écologiste à la présidentielle était en meeting dans la halle Clémenceau de Grenoble.
Eva Joly, s'est dite "sereine malgré toutes les difficultés", répondant par ailleurs aux attaques du président Nicolas Sarkozy après ses déclarations de la veille à propos de l'affaire Bettencourt.
"Il ne peut pas se cacher derrière le mépris qu'il a pour moi. Cela ne suffit pas. Il va falloir qu'il s'explique sur la dizaine de témoins qui ont des témoignages concordants", a réagi à l'issue d'un meeting à Grenoble, la candidate EELV sous les cris de militants scandant: "Sarkozy en taule!".
Le président-candidat avait signifié un peu plus tôt sur France 2 qu'il opposait le "mépris le plus cinglant" aux accusations lancées par la candidate concernant un éventuel financement de sa campagne de 2007 par la milliardaire Liliane Bettencourt.
"La présomption d'innocence n'empêche pas les faits d'exister. Ce que je dis haut et fort c'est que dans une campagne, dans n'importe quel autre pays avec ce qu'il y a sur la table, il faudrait s'expliquer, il ne résisterait pas 24 heures. C'est la situation en France qui est parfaitement anormale", a-t-elle ajouté.
Devant quelque 2.500 militants enthousiastes, un record depuis le début de sa campagne, la candidate écologiste créditée d'environ 2% des votes, a tenté de remobiliser ses militants à dix jours du premier tour.
"Chacun veut décrire ma campagne comme un calvaire. On a même parlé de chemin de croix. Je ne dis pas qu'elle n'est pas difficile. Mais c'est quand les choses sont difficiles que nous devons nous battre sans baisser les bras (..) Et voyez vous, malgré toutes les difficultés, je suis sereine", a dit la candidate d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV).
"Je suis venue vous dire ce soir de ne pas perdre espoir. Même si les temps sont durs, durs pour le pays, et durs pour les écologistes", a déclaré en préambule la candidate, avant de se livrer à un discours en forme d'autocritique.
"Il est vrai que je peux être maladroite. Mais si je peux parfois chuter, j'ai appris à me relever", a ajouté la candidate, hospitalisée fin mars à la suite d'une chute dans l'escalier d'un cinéma parisien.
"On me reproche mon manque de charisme, et mon peu de goût pour les effets de tribune. Je ne crois pas que la politique doive d'abord s'adresser aux tripes. Parce que la crise que nous traversons est telle que nous avons d'abord besoin d'un sursaut de l'intelligence", a estimé l'ex-juge anti-corruption, avant d'ajouter que la politique "a besoin de vérité".
Se décrivant comme une femme en "recherche de justice", "une femme libre au service" de son pays, Eva Joly a plaidé jeudi pour une écologie synonyme de "défense continue de l'intérêt général contre la logique du profit à courte vue".
A Grenoble, la candidate est également revenue sur le discours prononcé dans cette ville l'été 2010 par Nicolas Sarkozy qui "déshonore la République". Un discours qui "stigmatise les Roms et au-delà l'immigration".
Enfin la candidate s'en est prise une nouvelle fois à "la gauche molle" et à la "gauche folle", faisant référence, sans les citer, à François Hollande et Jean-Luc Mélenchon.