10 mois fermes, 5 mois avec sursis pour les agresseurs des urgences.
Les agresseurs du médecin des urgences du CHU de Grenoble condamnés à 10 de prison ferme pour l'un, 5 ans avec sursis pour l'autre
Le tribunal correctionnel de Grenoble a prononcé, ce 10 mai, des peines de 10 mois de prison ferme et 5 mois avec sursis à l'encontre des deux hommes accusés d'avoir violemment agressé fin avril un médecin du CHU de Grenoble, à qui ils reprochaient d'avoir mal traité une de leurs proches.
Jugés en comparution immédiate, Laurent Nobre, 28 ans, fils de la patiente hospitalisée,
a été condamné à 10 mois de prison ferme tandis que son ami, Gilles Prunier, 25 ans, écope de 5 mois de prison avec sursis.
Le parquet avait requis des peines allant, respectivement, de 10 mois de prison ferme et 6 mois de prison ferme.
La procureure de la République a dénoncé à l'audience un "acte prémédité", une "expédition punitive", une "scène d'une violence extrême".
Mercredi, les deux hommes s'étaient présentés d'eux-mêmes au commissariat de Grenoble où ils avaient été placés en garde à vue. Ils étaient recherchés, ainsi que plusieurs autres personnes, depuis le dimanche 29 avril pour avoir agressé à coups de poing et de téléphone sur la tête un médecin psychiatre des urgences du CHU de Grenoble.
Laurent Nobre, déjà condamné à cinq reprises dont trois fois pour violences, a reconnu les faits, évoquant un "coup de chaud" et s'excusant à plusieurs reprises à l'audience.
Il a dit être allé voir le médecin chargé de l'hospitalisation de sa mère dépressive et atteinte d'un cancer, à la demande de sa soeur qui se plaignait du comportement du médecin. "Elle m'a dit qu'on lui parlait mal, qu'on lui parlait comme à une chienne", a-t-il raconté.
La soeur de M. Nobre se plaignait notamment que sa mère soit hospitalisée dans une chambre sans fenêtre.
Selon le témoignage du médecin lu à l'audience, M. Nobre est entré dans le bureau du médecin, a crié "tu as vu où tu as mis ma mère?" avant de lui porter un coup de poing à la mâchoire et de le serrer à la gorge.
"J'étais très énervé, je sais que c'est pas malin, je sais que j'aurais pas dû le faire", a dit M. Nobre.
Gilles Prunier a lui reconnu sa présence sur les lieux mais a nié son implication dans les violences. "Je ne suis pas une personne violente, j'ai jamais eu de problème avec personne", a-t-il déclaré à la barre.
Aucun des deux prévenus n'a voulu donner les noms des personnes qui les accompagnaient le jour de l'agression.
Les 2 hommes, identifiés grâce aux caméras de vidéo-surveillance étaient activement recherchés et s'étaient présentés d'eux-mêmes hier au commissariat de police. Placés en garde à vue, ils étaient jugés aujourd'hui en comparution immédiate.
Rappel des faits
Dimanche 29 avril vers 18H00, entre quatre et six personnes avaient fait irruption aux urgences de l'hôpital de Grenoble en entrant par une porte interdite au public et agressé à coups de poing et de téléphone sur la tête un médecin dans son bureau.
Un aide-soignant, puis des brancardiers et des vigiles, étaient intervenus pour venir en aide au médecin. Trois personnes et le médecin ont fait l'objet d'incapacités temporaires totales (ITT) de travail.
Les agresseurs auraient voulu signifier leur mécontentement quant aux conditions d'hospitalisation d'une proche, selon les témoignages du personnel médical.
Le premier homme placé en garde à vue, fils de la patiente hospitalisée, a reconnu son implication dans l'agression, selon deux sources proches de l'enquête. "Il s'est énervé au vu de l'accueil qu'il n'estimait pas convenable qui a été réservé à sa mère", a indiqué une de ces sources.
Outre sa mère "dépressive", hospitalisée pour des troubles psychiatriques à la demande de sa fille, cet homme avait un enfant "assez gravement malade", a souligné une autre source proche de l'enquête.
Environ 80 membres du personnel de l'hôpital de Grenoble ont fait vendredi un sit-in devant le service des urgences en soutien à leurs collègues agressés et afin de demander une amélioration de leurs conditions de travail et de la sécurité.
L'association des médecins urgentistes de France (AMUF), présidée par le Dr Patrick
Pelloux, avait exigé des "sanctions exemplaires" contre les auteurs de l'agression.