Douleur à la poitrine : le 15 n'est pas un réflexe, 5 départements pilotes dont la Haute-Savoie confirment l'étude.
Malgré les campagnes d'information, moins d'un Français sur deux a le bon réflexe d'appeler en priorité le 15, en cas d'infarctus du myocarde, montre la dernière étude de l'observatoire européen Stent for Life.
Douleur à la poitrine : le 15 n'est pas encore un réflexe
L'observatoire a étudié tous les patients ayant présenté un infarctus du myocarde, pendant un mois, dans 5 départements pilotes, considérés comme "représentatifs" de la population française (Côte-d'Or, Haute-Garonne, Nord, Haute-Savoie, Essonne).
Peur de déranger, sentiment de ne pas être concerné, voire peur d'être malade : "manifestement la population ne fait pas encore le bon geste", a dit mardi devant la presse le Pr Martine Gilard (CHU de Brest).
Entre les premiers résultats "alarmistes" de l'observatoire Stent for Life, en novembre 2010, et la seconde étude, réalisée en novembre 2011, "aucune amélioration" n'a été constatée dans l'attitude des Français en cas de douleurs thoraciques. Il n'y a pas plus d'appels au 15.
En 2011 comme en 2010, la très grande majorité des patients victimes d'infarctus du myocarde a présenté des douleurs thoraciques. Environ 70% a passé un appel téléphonique. Mais moins de la moitié de ces appels étaient adressés au 15 (le numéro du Samu) : 49% en 2010, 47% en 2011. Les autres étaient adressés à un généraliste, un cardiologue...
"Quand un patient ne fait pas appel au Samu, les délais sont doublés, c'est dramatique", a souligné le Pr Gilard.
Lorsque l'artère coronaire bouchée est désobstruée -grâce à un médicament ou par angioplastie (introduction d'une sonde munie d'un ballonnet gonflable et d'un petit ressort, le stent)-, dans les 90 minutes après les premières douleurs, les séquelles sont quasi nulles, a expliqué le Dr Patrick Goldstein (chef du Samu du CHU de Lille).
En revanche, un délai dans la prise en charge risque de conduire à une insuffisance cardiaque, parce que le muscle, privé d'oxygène, est irrémédiablement détruit. Les délais créent des "infirmes du coeur", a dit le Dr Goldstein.
Pour les cardiologues le message est simple : en cas de douleur intense dans la poitrine, il faut appeler le 15, et rien d'autre. "Si on a un doute", par exemple en cas de douleur moins typique, qui irradie dans le dos ou le ventre, "il faut aussi appeler le 15, qui fera le tri", a dit le Pr Gilard.
Un petit fim d'animation sera diffusé à partir de la semaine prochaine sur les réseaux sociaux (Facebook) pour rappeler les bons réflexes et tenter de cibler les moins de 50 ans, qui souvent appellent trop tard.