La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem relance le débat sur le statut pénal de la prostitution.
La ministre des droits des femmes l'a réaffirmé mercredi 27 juin: le gouvernement confirme sa volonté d'abolir la prostitution. De quelle manière ? Rien de précis encore aujourd'hui, mais le débat est relancé
Actuellement, recourir à une personne prostituée n'est pas un délit en France. Depuis 2003, la loi française punit le racolage passif de deux mois d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende. Un texte peu appliqué et qui ne prévoit rien contre les clients.
D'après une récente enquête du Mouvement du Nid, un homme sur huit a déjà eu recours à une prestation sexuelle tarifée. Selon diverses estimations, environ 20.000 personnes se prostituent en France, dont 70 à 80% de femmes et 80% d'étrangers (Balkans, Afrique, Amérique du Sud, Chine). Plusieurs associations pensent toutefois que ce chiffre est sous-évalué.
Selon Guy Geoffroy, le député PS à l'origine d'une résolution parlementaire de 2011 préconisant de pénaliser les clients (sur le modèle de ce qui se pratique en Suède depuis 1999), "neuf personnes prostituées sur dixsont victimes de la traite des êtres humains".
L'abolitionnisme divise les associations et se heurte à l'opposition des prostitués indépendants, qui jugent que cela mettrait en danger leur subsistance et leur sécurité en les poussant vers plus de clandestinité.
L'Amicale du Nid, association d'aide aux prostitués, milite de longue date pour l'abolition, demandant la pénalisation des clients, le renforcement de la lutte contre le proxénétisme et la protection dans leur pays d'origine, des familles des prostituées, sur lesquelles les réseaux font pression.
L’association Act Up, en revanche, souligne que la pénalisation des clients aurait "exactement les mêmes conséquences" que le délit de racolage public, institué en 2003: "éloignement des prostituées des structures de soins, de prévention, de dépistage".