Le Chambon-sur-Lignon : l'affaire Agnès

La collégienne avait été retrouvée morte et calcinée dans un bois. Son assassin présumé, un lycéen.

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Agnès introuvable

Le point sur les recherches autour d'Agnès Marin disparue depuis 48 heures.

L'adolescente avait disparu mercredi 16 novembre au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire après avoir quitté le Collège-Lycée Cévenol où elle était interne. Elle allait avoir 14 ans, une jeune fille avenante et facile à vivre selon son père.

Les recherches se sont orientées vers les bois aux alentours de cet établissement scolaire privé qui accueille des jeunes de la région, mais aussi des élèves en internat, ce qui était le cas d'Agnès dont la famille réside à Paris.

Vendredi, les recherches ont été élargies grâce au renfort des habitant de la commune et l'arrivée de gendarmes de l'école de Montluçon.

La découverte d'un corps calciné à la suite des aveux partiels d'un lycéen de 17 ans, qui avait déjà effectué 4 mois de détention provisoire pour viol a déclenché une polémique sur le suivi des délinquants mineurs et la récidive.

Le gouvernement a réagi en annonçant une série de mesures comme l'augmentation des places en Centre Educatif  Fermé et un renforcement  des méthodes d'évaluation de la dangerosité.

Voir  à gauche les reportages de Gérard Rivollier, Elodie Monier, Sandrine Montero, Bruno Lebret et les équipes de FranceTélévisions, et ci-dessous la suite de ce dossier.

Une réunion pour faire le point

Une soixantaine de personnes rénuies mercredi 30 novembre, pour parler de ce tragique fait divers.

Deux semaines exactement après la disparition d'Agnès au Chambon-sur-Lignon et 4 jours après ses obsèques à Paris, l'Association des Parents d'Elèves du collège Cévenol organisait hier soir une réunion ouverte à l'ensemble de la population locale.

Une réunion hors du champ des caméras, mais à laquelle a pu assister l'équipe de France 3 Auvergne. le message de la famille d'Agnès lu lors de cette soirée c'est que toute la lumière soit faite, sans esprit de haine ni de vengeance.

Les responsables du collège-lycée ont redit avec beaucoup d'émotion que, même si tout le monde s'est senti responsable, rine ne laissait présager un tel drame. L'association des parents d'élèves réitère son soutien à la direction du collège, mais a demandé des explications.

Des aveux et une macabre découverte

Le lycéen était entendu par les gendarmes dans le courant de la journée de vendredi. Il portait des griffures au visage ce qui a constitué un des éléments ayant conduit à le placer en garde à vue. Il a d'abord reconnu avoir "bousculé" Agnès puis avait indiqué aux enquêteurs un endroit proche, boisé et escarpée un peut à l'éccard du village et du collège-lycée Cévenol où ils ont découvert un corps calciné. Un bouton et une clé ont permis son identification.

Puis le jeune homme s'est montré plus précis, reconnaissant l'avoir tuée, violée et brûlée. Le Procureur de la République de Clermont-Ferrand a alors parlé d'une mise à mort, planifiée et extrémement violente.

Le passé du jeune homme

La journée de samedi a été marquée par la révélation du passé du jeune homme: il avait été mis en examen pour viol sur une mineure en août 201 0 dans le Gard. il avait ensuite effectué quatre mois de détention provisoire avant d'être placé sous contrôle judiciaire fin 2010.

Cette liberté retrouvée était assortie de conditions: un suivi psychiatrique et psychologique régulier, un suivi par les services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse et l'obligation d'être scolarisé dans un établissement en dehors du département du Gard. Il avait été jugé "réinsérable", les expertises ayant établi qu'il ne présentait pas de "dangerosité", ce qu'a confirmé le procureur de Nîmes.

C'est à la demande de sa famille (un père professeur, une mère comptable et deux soeurs) qu'il avait été inscrit comme interne dans cet établissement privé.

Quel dialogue entre l'établissement et la justice?

La polémique a pris de l'ampleur au cours de la journée de la journée de dimanche.

"On savait qu'il avait eu des ennuis avec la justice, mais on n'en connaissant pas la nature" a déclaré Philippe Bauwens, le directeur du collège-lycée Cévenol, rappelant qu'il n'avait pas à exiger des parents venant inscrire leur enfant le motif d'une éventuelle incarcération.

Mais un autre responsable de l'établissement a reconnu lors d'une conférence de presse que la direction savait que le lycéen avait fait un séjour de 4 mois en prison.

Et l'on a apppris par la suite que les services de Protection Judicaire de la Jeunesse du Gard avaient régulièrement rencontré le directeur. Que se sont-ils dit lors de ces rendez-vous, la question a été souvent posée sans avoir de réponse possible, les uns et les autres invoquant un silence nécessaire à la reconstruction d'une personnalité troublée.

Un nouvel élément est apparu: le fait que le jeune homme était passé deux fois en "conseil de vie scolaire" en juin 2011. Evoquant toujours le secret de leurs délibérations une représentante des parents d'élèves a juste précisé qu'il s'agissait "de comportements débordants sur le plan relationnel tant avec le personnel qu'avac les élèves".

La politique s'en mêle

L'affaire ayant occupé toutes les unes des journaux, la présence constante sur les ondes et les écrans ont conduit des responsables politiques à intervenir.

Lundi le Garde des Sceaux Michel Mercier a réuni les Procureurs de Nîmes et Clermont-Ferrand, ainsi de la Président de la Cour d'Appel de Riom. Il a annoncé que l'évaluation de la dangerosité des délinquant sera incluse dans un projet de loi présenté au Conseil des Ministres.

L'après-midi, le Premier Ministre a dirigé une réunion avec le ministre de l'Intérieur, ceux de la Justice et de l'Education. il leur a demandé "de prévoir qu'il ne soit plus possible d'inscrire un élève dans un établissement scolaire sans avoir informé le chef d'établissement en cas de placement sous contrôle judiciaire dans des cas aussi graves".

La question a de nouveau été évoquée mercredi au conseil des Ministres puis devant l'Assemblée Nationale.

Bruno Le Roux, le porte-parole des députés socialistes et du candidat François Hollande a estimé que ce drame signait un "échec français" en matière de récidive pour les délits et crimes sexuels. Yves La chaud, président des députés du Nouveau Centre a demandé un "partage de l'information" sur la situation des meineurs délinquants.

Une enquête de l'inspection générale

Vendredi matin, le ministre de l'Education Nationale a annoncé une enquête de l'inspection générale au collège-lycée Cévenol pour mesurer l'organisation de l'établissement et regarder comment il y a pu avoir dysfonctionnement. "En tout cas il y a eu problème car cet élève n'aurait pas du se trouver dans cet établissement" a précisé Luc Chatel.

Les obsèques d'Agnès ont eu lieu à Paris samedi 26 novembre, le jour où l'adolescente aurait fêté son 14e anniversaire. Ses parents avaient souhaité que la cérémonie soit privée, ouverte aux amis et professeurs.

Plus:

Le Collège-Lycée Cévenol : lecevenol.org

La Protection Judiciaire de la Jeunesse : justice.gou.fr

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