Un cyber pédocriminel confondu par l'assocation Team Moore condamné à dix-huit mois de prison avec sursis

David P, originaire de l'Aube a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour corruption de mineure sur internet. Il avait été arrêté grâce à l'intervention de l'association Team Moore, un collectif qui piège les pédocriminels en ligne. La démarche de cette vigie citoyenne donne des résultats mais suscite des interrogations.

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Pour une fois, la justice est passée rapidement. David P, un aubois âgé de 45 ans a été condamné ce vendredi 19 juillet 2024 pour corruption de mineure, partage de contenu pornographique, détention de contenu pédopornographique et incitation d'une mineure à des actes sexuels, un mois et demi seulement après son arrestation à Bar-sur-Seine, dans l'Aube.

Le collectif "Team Moore" à l'origine de cette interpellation

Si la gendarmerie a pu arrêter ce cyber pédocriminel en juin dernier, c'est grâce à la Team Moore. Le collectif a créé un faux profil sur le réseau social Facebook en avril 2024 : une fillette de douze ans habitant à Toulouse, qui aime les chevaux et passer du temps avec ses amies. 

Le 11 avril 2024, le cybercriminel aubois, appâté par le faux profil, lui envoie une demande d'amitié sur le réseau social. "Très vite, l'homme pose des questions d'ordre sexuel", raconte Neila Moore, présidente de l'association Team Moore. "Il lui demande de garder le secret, alors qu'il lui envoie des photos de son pénis ou des vidéos de lui se masturbant", poursuit-elle. 

"Très vite, l'homme pose des questions d'ordre sexuel, il lui envoie des photos de son pénis ou des vidéos de lui se masturbant, tout en lui demandant de garder le secret »

Neila Moore, Présidente du collectif Team Moore

Pour Shurikan, le père de famille bénévole de l'association qui se cache derrière le profil de la fillette, "David P sait parfaitement qu'elle a douze ans et c'est précisément ce qui l'excite", relate encore Neila. Le 24 mai 2024, le collectif dispose d'assez de preuves et signale le quarantenaire à la procureure de la république de Troyes, Julie Bernier.

Le parquet ouvre immédiatement une enquête... Qui aboutit très vite, puisque David P. est arrêté à son travail et placé en garde à vue le 9 juin 2024. "J'ai été surprise de la rapidité avec laquelle l'affaire était instruite", explique la présidente du collectif Moore. "D'ordinaire, on est plutôt sur des délais d'un ou deux ans".

David P. a été mis en examen à l'issue de sa garde à vue. Il faut dire qu'en plus du dossier accablant fourni par l'association, la police a retrouvé la photo du sexe d'une fillette de cinq ans, dans le téléphone du quadragénaire.    

Lors de l'audience qui s'est tenue au tribunal judiciaire de Troyes ce vendredi 19 juillet 2024, la procureure de la république de Troyes Julie Bernier a remercié le collectif "pour son travail acharné qui a permis l'arrestation d'un prédateur sexuel." 

Une vigie citoyenne qui pose question

La condamnation de l'aubois à dix-huit mois de prison avec sursis, assortie d'une obligation de soin pendant cinq ans, d'une interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole auprès de mineurs et d'une interdiction d'entrer en contact avec sa nièce de six ans est une victoire pour le collectif.

"Mais en même temps, on laisse un tel prédateur en liberté !" nuance Neila Moore. "Comment s'assurer qu'il respecte sa condamnation ? Comment être certain qu'il ne recommencera pas ?" , s'inquiète-t-elle. Pour elle, les peines sont trop peu sévères en France, ce qui explique les nombreux cas de récidives.

"Nous sommes de simples citoyens vigilants, qui collaborent avec les autorités, rien de plus. Une sorte de barrière entre les criminels et les enfants."

Neila Moore, Présidente du collectif Team Moore

Pas question de se décourager : le collectif Team Moore compte bien poursuivre sa mission. Continuer à aider la justice à repérer les pédocriminels sur la toile. "Il ne s'agit pas de se substituer aux forces de l'ordre ou à la justice", assure Neila. "Sinon, on irait arrêter les criminels nous-mêmes ! Nous sommes de simples citoyens vigilants, qui collaborent avec les autorités, rien de plus. Une sorte de barrière entre les criminels et les enfants." 

Le collectif de 53 bénévoles répartis dans toute la France aimerait quand même disposer d'un cadre légal pour collaborer officiellement avec les autorités judiciaires pour bénéficier de plus de moyens humain et financier. La Team Moore a déposé une demande de subvention pour pouvoir faire de la prévention... Auprès des enfants et de leurs parents, qui ne mesurent pas toujours la dangerosité des réseaux sociaux.

Le collectif tire la sonnette d'alarme. Il demande au gouvernement de faire de la protection de l'enfance, une priorité nationale. 

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