Le ministère de l'Intérieur s'est défendu de toute "stigmatisation" dans sa façon d'aborder la question des Roms.
La France a été placée vendredi "sous surveillance" par l'Union européenne quant aux conditions dans lesquelles sont traités les Roms, dont plusieurs camps illicites viennent d'être démantelés près de Lille, à Lyon, La Courneuve ou Marseille.
"Il a été mis fin à la politique du chiffre qui menait à des dérives et dénaturait les décisions de justice en en faisant des objectifs politiques chiffrés", s'est défendu samedi un membre du cabinet de Manuel Valls.
"Contrairement à la politique menée par le précédent gouvernement, aucune population
n'est ciblée pour elle-même, il n'y a plus de +politique ethnique+ en France", a-t-il également insisté. Quant aux campements illicites, "au-delà des polémiques, un consensus fondé sur une réalité de terrain difficile" existe et "des élus de gauche comme de droite réclament (leur) évacuation, face à la demande pressante et légitime des populations", comme notamment à Villeneuve-d'Ascq, à Lille et à Lyon", a noté l'Intérieur.
Des critiques se sont élevées à gauche ces derniers jours, le mouvement écologiste EELV estimant que les démantèlements de campements "contredisent brutalement une des promesses" du président Hollande, et le Nouveau Parti anticapitaliste affirmant que la "chasse aux Roms" continue dans "la plus sordide des traditions sarkoziennes".
"Tempérance et fermeté"
"Aujourd'hui, les préfets n'ont aucun impératif chiffré" et il leur a été demandé de travailler localement à des solutions alternatives avec les associations lorsque cela est possible", alors que "la pression exercée sur l'hébergement d'urgence montre que la réalité est complexe", a fait valoir le ministère de l'Intérieur.
"Pour autant, les décisions de justice qui remontent du terrain seront appliquées avec tempérance et fermeté", a-t-on assuré. À droite, le député Philippe Meunier, secrétaire national UMP aux libertés publiques, a assuré samedi que le président François Hollande devait "exiger une renégociation des traités européens", pour "permettre l'expulsion de Roumains sans ressources".
Les services de la commissaire européenne à la justice, Viviane Reding, "sont en contact avec les autorités françaises pour s'assurer que les règles européennes sont respectées", avait expliqué vendredi une de ses porte-parole. Le ministère de l'Intérieur a assuré qu'il apporterait "tous les éléments d'information demandés".
Il a rappelé que "l'éloignement, quand il est contraint, est fondé sur une décision administrative après examen individuel, décision soumise au contrôle du juge". De la sorte, "les éloignements ne peuvent se transformer en des expulsions collectives forcées, c'est contraire au droit", a-t-il ajouté, assurant que Manuel Valls "souhaite aborder ces enjeux loin de tout esprit de stigmatisation ou de polémique".
Son cabinet "a entamé une réflexion et un travail continu avec les associations régulièrement reçues", a-t-on ajouté de même source. L'Intérieur dit aussi travailler "en lien étroit avec le ministère du Travail à une analyse objective des conditions de réexamen des mesures restreignant l'accès au marché du travail pour les populations concernées".