Nora Berra et Michel Mercier ont assisté à leur dernier conseil des ministres, mercredi matin à l'Elysée.
C'est terminé. Il n'y aura plus de conseil des ministres pour Nora Berra, secrétaire d'État à la Santé ainsi que pour Michel Mercier, ministre de la Justice.
Cette journée faisait office de toute dernière fois, pour les deux figures politiques entrées dans le gouvernement Fillon en 2009, auprès des Ainés pour l'une, comme ministre de l’Espace rural et de l'Aménagement du territoire pour l'autre.
Des histoires différentes
Les deux personnages ont des trajectoires bien différentes. Nora Berra est une enfant de l'immigration alors que Michel Mercier vient d'une famille française. Ils ont fait marcher "l'ascenseur social" puisqu'aucun d'eux ne vient d'une famille aisée.
Nora Berra a vu le jour à l'Hôtel Dieu de Lyon. Elle passe le baccalauréat puis se dirige vers la pharmacologie. Par la suite, elle deviendra praticien. Fille de tirailleur algérien, au coeur d'une famille de onze enfants, son premier mandat est celui de conseillère municipale dans le 8ème arrondissement de Lyon. Par la suite elle gravit les échelons en accédant au Parlement Européen jusqu'au gouvernement français, le 23 juin 2009.
Nora Berra sur notre plateau en 2010.
Une longue carrière politique
Michel Mercier, 65 ans, est fils de maçon. Il choisit de faire des études de politique, contrairement à la secrétaire d'Etat qui se spécialise en médecine. C'est un fin connaisseur du milieu politique puisqu'à 30 ans, il est élu maire de Thizy, petite commune du Rhône, sous l'étiquette Centre des démocrates sociaux, un parti de conviction démocrate-chrétienne. Il devient conseiller général en 1978 puis président du Conseil général en 1990. Par la suite, il obtient un mandat de député de 1993 à 1995 lorsqu'Alain Mayoud, qu'il supplée, décède. Sénateur en 1995, en 2004 il marquera son désaccord avec François Bayrou lors des municipales de 2008 alors qu'il le soutient depuis toujours. Il entre officiellement au gouvernement Fillon II en 2009 comme ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire. En 2010, le gouvernement Fillon III le place au poste de Garde des Sceaux.
Michel Mercier à l'Assemblée Nationale.
Des réussites et des déboires
Si l'on devait retenir une des réformes menées à bien par le ministre de la Justice, on citerait sans hésiter la réforme de la garde à vue. Menée par Michel Mercier, à la suite de la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'homme, cette dernière s'est installée difficilement en avril 2011. Elle définissait de nouvelles règles en matière de GAV, notamment concernant la présence d'un avocat lors de tous les interrogatoires. Michel Mercier, souvent qualifié de grand travailleur, avait mené à bien cette réforme dans un temps record, au coeur d'un contexte très difficile, face à des syndicats de police en profond désaccord. On notera également le projet de loi concernant les jurés populaires. Cette loi, actuellement expérimentée dans plusieurs villes, pourrait entrer en vigueur en 2014.
Durant deux ans de mandat de ministre de la Justice, Michel Mercier a voulu marquer la rupture avec ses prédécesseurs. Homme de l'ombre, enraciné dans son terroir, il a toujours su résister à la tentation médiatique, à la suite des nombreux faits divers qui ont bousculé l'opinion public.
Pourtant, Michel Mercier a subit à plusieurs reprises la grogne des magistrats français. Il était peut-être temps que son mandat se termine puisque en avril dernier, l'Union syndicale des magistrats avait fait grand bruit en publiant un bilan du quinquennat en matière de justice. Dans ce dernier, intitulé "les heures sombres", les magistrats pointaient du doigt la multiplication des lois inutiles ainsi que la tentative de contrôle de Nicolas Sarkozy sur la justice. Mauvaise publicité pour le ministre de la Justice particulièrement actif depuis 2010. Nos confrères de Lyon capitale, avaient publié une enquête mettant en exergue "les interventions du ministre ou de son cabinet dans les affaires en cours, l’amputation d’une partie du budget de la justice, le lynchage médiatique de certains magistrats par le chef de l’État..."
Nora Berra, quant à elle, a surpris au cours de son premier mandat auprès des personnes âgées. Son travail pourtant de qualité, fut amputé en même temps que le budget consacré à son ministère. Faute à la crise. Secrétaire d'État, sa marge de manoeuvre ne pouvait être qu'inférieure à celle de Michel Mercier bien qu'elle ait mené le projet de dépendance avec une grande ferveur.
Une communication parfois bancale
En février dernier, cette dernière avait provoqué la risée des internautes et plus précisément des utilisateurs du réseau social Twitter. En effet, sur son blog, elle avait conseillé à "certaines populations vulnérables", dont les "sans-abris", de rester chez eux pendant la vague de grand froid. Cette maladresse lui avait coûté de nombreuses moqueries et un hashtag intitulé #norraberration lui avait même été dédié. En voici quelques exemples.
Les twittos sont réputés pour être débordant d'humour. (crédit)
L'ancienne secrétaire d'État avait également défrayée la chronique lorsqu'elle a su qu'elle ne serait pas investie par l'UMP pour les législatives, sur la quatrième circonscription lyonnaise qu'elle affectionne particulièrement. Elle avait alors déclaré : "j’ai l’audace d’avoir des parents qui viennent de l’autre côté de la Méditerranée. On m’a fait comprendre que mes origines pouvaient en effet poser un certain problème aux yeux de certains électeurs." Résultat : Dominique Nachury avait sagement pris la place.