Plus de 200 Roms reconduits au départ de Lyon vers la Roumanie , une "expulsion déguisée" selon les associations
Plusieurs dizaines de Roms roumains, bénéficiant de l'Aide humanitaire au retour(ARH), quitteront le territoire français au départ de Lyon Saint-Exupéry, jeudi 9 août en fin de matinée. Destination: la Roumanie, une "expulsion sous couvert humanitaire" selon des représentants d'associations. Un pays où le racisme rend la vie des Roms impossible.
Jean-Philippe, militant pour la défense des Roms, chiffre à 240 le nombre des
personnes devant embarquer. Il parle "de la plus importante expulsion à Lyon depuis le début de l'année" et depuis l'élection de François Hollande.
La représentante de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) n'a pas communiqué le nombre exact des personnes concernées.
Peu avant 08H00, ce jeudi 9 août, deux bus ont pris en charge plus d'une centaine d'hommes, de femmes et d'enfants, près du site de la Confluence, pour les transporter à l'aéroport. Un bus rejoignait l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry directement depuis
Saint-Etienne (Loire). Un autre a chargé des candidats au retour à la gare de Lyon Part-Dieu.
A la Confluence, les associations avaient accroché des panneaux où on pouvait
lire: "la Roumanie, c'est l'Europe, Stop aux expulsions", ou "Après les expulsions,
le relogement en Roumanie, c'est ça le changement appliqué par Valls".
"Tous sont volontaires pour rentrer, a expliqué Jean-Philippe. Sauf que ça intervient après des semaines de pression dans les campements et des expulsions". "Ces retours volontaires sont des expulsions déguisées, et en plus on dilapide l'argent public car beaucoup vont revenir". Les candidats au retour touchent, en effet, 300 euros pour les adultes et 150 euros pour les enfants.
Selon l'ONG Médecins du Monde, qui assure un suivi sanitaire des campements roms
de l'agglomération de Lyon, ce n'est pas le premier charter vers la Roumanie depuis
le début de la présidence Hollande: l'ONG a comptabilisé un charter le 10 mai et
un autre le 5 juillet au départ de Lyon vers la Roumanie.
Selon MDM, quelque 200 Roms ont quitté leurs campements, menacés d'expulsion,
ces derniers jours dans l'agglomération de Lyon.
Trois campements se sont ainsi vidés de leur population depuis dimanche 5 août, le plus
grand à Vaulx-en-Velin, qui comptait une centaine de personnes, et deux autres
à Villeurbanne, totalisant, à eux deux, une centaine de personnes.
Pour Jean-Philippe, la situation des Roms est en train d'empirer sous la gauche,
car, selon lui, "non seulement on évacue les campements mais en plus on pourchasse
les Roms". D'autres expulsions sont prévues dans les prochains jours, selon Gilberte Renard, du collectif Rom.