Manuel Valls l'avait annoncé, l'évacuation des camps de Roms illégaux se poursuivra
Avant d’être évacuées par la police, les familles sont parties. Le hangar, et la maison d'habitation qui le jouxte, abritaient une quarantaine de familles roms originaires de Roumanie dans des conditions d'hygiène épouvantables.
Elles sont arrivées là, dans ce quartier de Vaulx-en-Velin (Rhône), au printemps, après avoir chassées d'un précédent squat détruit par un incendie.
A l'intérieur de l'ancien garage, des cahutes faites de carton et de planches avaient été bricolées. Et un semblant de vie s'était organisé.
Grand Lyon Habitat, propriétaire du site, a demandé l'expulsion de ces familles. Le tribunal lui a donné raison. Les Roumains savaient qu'à compter du 6 août ils pouvaient voir la police arriver à tout moment.
Quelle allait être la politique de Manuel Valls? S'exprimant le 25 juillet dernier, devant la commission des lois du Sénat, le ministre de l'Intérieur s'est dit « très inquiet de la concentration dans une série de campements ».
« La situation aujourd'hui à Lyon, à Aix-en-Provence, en Seine-Saint-Denis, dans une partie de l'agglomération lilloise, nous oblige à prendre des décisions de démantèlement », a-t-il ajouté. Explication : « Nous appliquerons les décisions de justice », précise-t-on dans l'entourage du ministre. En clair, les jours du squat de Vaulx-en-Velin sont comptés. Et « il y aura des reconduites à la frontière », poursuit-t-il.
Pour les associations, cette stratégie du bâton ne fait que déplacer le problème. « Quand on évacue un camp, qu'on met les gens à la rue, on les retrouve quelques jours plus tard dans un autre camp », souligne Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des Droits de l'homme, et animateur du Collectif Romeurope.
Quant aux expulsés du territoire, forts de leur passeport européen, ils reviennent légalement en France après un petit tour au pays.
Au printemps pourtant, Jean-François Carenco, le préfet du Rhône, a tenté une expérience inédite dans l'agglomération, en régularisant une centaine de Roms. « On va essayer de les intégrer », explique-t-il. Ces familles vont bénéficier d'une prise en charge complète : scolarisation des enfants, logement, formation et accompagnement vers l'emploi.
La motivation du préfet n'était pas humanitaire. « Les Roumains sont des citoyens européens. Et ils seront des citoyens européens de plein exercice fin 2013 », expliquait-il. A cette date, ils bénéficieront en effet de la libre circulation intégrale dans l'espace européen. Et verront se lever les « mesures transitoires » de limitations d'accès au marché du travail auxquels ils sont soumis dans une dizaine de pays de l'Union européenne, dont la France.
En mars, dans une lettre à Romeurope, Français Hollande avait promis que les mesures transitoires « feraient l'objet d'un examen objectif ».
Le 18 juillet, Manuel Valls a rencontré Ioan Rus, son homologue roumain. Ce dernier lui a promis que son pays allait continuer ses efforts en faveur de l'intégration des Roms, tout en rappelant qu'il s'agissait d'un processus de longue durée.