Opération du Clan du Néon à Grenoble

Contre le "gaspillage", le Clan du Néon éteint publicités et enseignes lumineuses à Grenoble.

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 Lundi 9 juillet, 22H00, à Grenoble , ils étaient huit à s'être donné rendez-vous devant l'arrêt de tramway Hubert-Dubedout, en plein centre-ville.Parmi eux, une majorité d'étudiants, deux retraitées et... un policier pour cette opération commando du Clan du Néon.

 "Je suis flic mais je viens parce que je suis d'accord avec vous", dit sans ambages Stéphane (le prénom a été changé), 21 ans, cheveux ras et lunettes carrées, qui a entendu parler du groupe dans la presse locale.

Baptisés Le Clan du Néon, Pêcheurs d'énergie ou Zéro Watt, des militants écologistes, actifs dans plus de vingt villes en France, mènent des expéditions nocturnes pour éteindre enseignes et publicités lumineuses. Leur objectif: lutter contre le gaspillage d'énergie.

Dans son courriel d'invitation, Tom, le leader, a pris soin de rappeler les actions du Clan du Néon se faisaient "sans dégradation". Pour éteindre les enseignes des magasins, les militants ne font en effet que déclencher, à l'aide d'une perche, un interrupteur de sécurité situé au-dessus de la vitrine à 3 mètres du sol.


 A 22H24, le groupe s'apprête donc à plonger dans le noir sa première enseigne, celle d'une sandwicherie fermée depuis plusieurs heures. Tom n'a pas encore levé le bras que l'enseigne s'éteint d'elle même, dans l'hilarité générale, sans doute sous l'effet d'un minuteur.


 Puis les extinctions s'enchaînent très vite: Club Med, BNP, SFR, Franprix, etc. Tous se retrouvent dans le noir et gratifiés d'un tract explicatif les invitant à couper leurs éclairages eux-mêmes à l'avenir.  


 "On a fait 10 interventions depuis le mois de décembre et on constate qu'on a de moins en moins de travail. Certaines enseignes restent éteintes plusieurs mois après notre passage", explique Tom.


 Pour les affichages publicitaires, la manipulation est à peine plus compliquée. En moins d'une minute, le panneau est ouvert à l'aide d'une clé, le disjoncteur actionné, les néons coupés, puis la vitre est consciencieusement refermée.
 En une soirée, ce sont ainsi une trentaine d'enseignes et vingt panneaux publicitaires qui sont éteints.


 "On rend service à la population", estime Valentin, 21 ans, étudiant en école d'ingénieur. "C'est évident qu'il faut faire des économies d'énergie, surtout avec le climat actuel de pénurie de pétrole et d'uranium", ajoute-t-il.
 Nicolas, 21 ans, veut lui montrer qu'il n'est "pas d'accord avec toutes ces publicités qui nous martèlent sans cesse le cerveau".


Naissance à Grenoble

Né à Grenoble en 2007, le Clan du Néon fut un des premiers à mener ce genre d'actions en France. Aujourd'hui, le site Zéro Watt! (http://zerowatt.c.la/) recense une vingtaine de groupes similaires en France (Paris, Nantes, Gaillac, Epinal...).


 Sans susciter une répression policière féroce. "Depuis 2007, le pire qu'il y ait eu, c'est une garde à vue à Paris mais sans poursuite", affirme Tom.
 Le site Zéro Watt évoque aussi le cas de deux militants de Niort (Deux-Sèvres) convoqués à la gendarmerie en mai 2012, mais qui ont échappé à des suites judiciaires.


 Les militants grenoblois ont eux été contrôlés une seule fois par des policiers qui leur ont simplement demandé "d'arrêter pour ce soir", selon Tom.
 Quant aux commerçants, ils ne semblent pas s'offusquer outre mesure. "Si j'étais jeune, je ferais partie de leur bande", sourit Gérard Perrone, président de l'Union des commerçants de la place Grenette.


 "Franchement, ça ne sert à rien de laisser allumé", reconnaît Bernard Fourt, vice-président de l'association des Unions commerciales de Grenoble, tout en jugeant "un peu ridicules" les actions du Clan du Néon.

Publicités et enseignes lumineuses: extinction nocturne obligatoire en 2018

  
Un décret de janvier 2012 impose depuis le 1er juillet l'extiction des enseignes lumineuses des commerçants entre 01H00 et 06H00. Mais cette obligation ne s'applique qu'aux nouvelles enseignes: celles déjà en place ont jusqu'au 1er juillet 2018 pour se mettre en conformité.


 Cette disposition faisait partie de 27 mesures annoncées en décembre 2011 par Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l'Ecologie, pour améliorer l'efficacité énergétique et lutter contre le gaspillage.


 Initialement de deux ans, le délai accordé aux commerçants pour mettre leurs enseignes lumineuses aux normes a finalement été porté à six ans.
 Pour les publicités lumineuses, l'obligation d'extinction nocturne s'applique aussi à partir du 1er juillet pour les nouvelles et de 2018 pour les anciennes. Le délai est même porté à 2020 ou 2026 pour les grandes villes (Paris, Lyon, Marseille, etc.).


 Au ministère de l'Ecologie, on n'exclut pas de raccourcir ces délais jugés "très confortables".
 "C'est un vrai sujet de réduction de la dépense énergétique, de santé publique et de qualité de vie", estime-t-on en effet au cabinet de Delphine Batho en soulignant qu'il y a aujourd'hui 3,5 millions d'enseignes lumineuses en France.


 "En terme de santé, les enseignes lumineuses peuvent nuire à la qualité du sommeil en ville", insiste-t-on de même source.
 Les économies d'énergie attendues par la mise en place de cette nouvelle réglementation sont équivalentes à la consommation annuelle d'électricité de 370.000 ménages (hors chauffage et eau chaude). Elles permettront en outre d'éviter le rejet de 120.000 tonnes de CO2 par an dans l'atmosphère.


 La France est pionnière en la matière, souligne le ministère de l'Ecologie, en notant que d'autres pays s'intéressent à la problématique, tel que Taïwan qui envisage de taxer les publicités lumineuses.


 La réglementation française prévoit de nombreuses exceptions. Le mobilier urbain (abri-bus, kiosques à journaux, etc.) est ainsi épargné par l'extinction, de même que les commerces ayant une activité nocturne ou les zones aéroportuaires.


 Des dérogations sont aussi possibles localement en cas d'événement exceptionnel (festivals, manifestations sportives, etc.).


 Par ailleurs, un projet d'arrêté, qui devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2013, est en cours d'élaboration afin de limiter l'allumage des vitrines durant la nuit. Ce second texte pourrait permettre d'économiser l'équivalent de la consommation d'électricité de 700.000 ménages.

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