L'enquête se concentre sur la famille Al-Hilli, et on parle peu de la 4eme victime, le savoyard Sylvain Mollier.
Lors de la conférence de presse tenue ce 12 septembre au Palais de Justice d'Annecy, son nom a bien été évoqué. Le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann a cependant précisé que seule une investigation approfondie permettrait d'en savoir plus sur l'environnement des victimes.
Le cycliste tué à Chevaline, un père de famille discret, semble être la victime oubliée de cette affaire très médiatique. Son nom apparaît en effet très rarement dans les médias du monde entier qui couvrent l'évènement.
Sylvain Mollier, un homme de 45 ans, était un père de famille discret, selon les habitants d'Ugine, sa ville savoyarde natale.
Les enquêteurs concentrent l'essentiel de leurs investigations autour de Saad Al-Hilli, l'ingénieur britannique d'origine irakienne, et pour l'instant, tout indique que le cycliste a été le témoin malheureux du drame.
D'après les premiers éléments de l'enquête débutée il y a une semaine jour pour jour, le Savoyard ne faisait semble-t-il que passer à vélo sur ce chemin prisé des randonneurs,
et, selon le scénario le plus probable, le ou les tueurs n'auraient pas voulu laisser
de témoin du carnage.
Les enquêteurs se doivent cependant de n'écarter aucune hypothèse: "La famille
al-Hilli était-elle la bonne cible ? Est-ce que çe n'était pas le cycliste ? Seul le travail sur un environnement complet des gens peut aider à y voir clair", a expliqué le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann, qui commande la section de recherches de Chambéry.
A Ugine, où Sylvain Mollier habitait une grande maison blanche au coeur du bourg,
cette idée paraît farfelue.
Avec ses deux garçons, des adolescents issus d'un précédent mariage, sa compagne, pharmacienne dans une commune proche, et leur bébé né en juin, ils formaient "une famille sans histoires", assure une voisine.
Sylvain Mollier travaillait dans un atelier de production chez Cezus, une usine
du groupe nucléaire Areva, spécialisée dans la transformation de métaux destinés
à la fabrication de combustibles nucléaires. Il venait de prendre un congé parental.
Devant les longs bâtiments en tôle de l'entreprise, à la sortie d'Ugine, les drapeaux
ont été mis en berne. Un soutien psychologique a été proposé aux quelques 300 salariés.
"Ses collègues proches sont affectés et tout le monde parle de l'affaire", rapporte
un employé, pour qui "ça fait drôle cette histoire qui se passe ici", dans ce coin de montagne tranquille au pied des gorges de l'Arly, à une dizaine de kilomètres d'Albertville.
Tout le monde au village connaissait Sylvain Mollier. Son père, aujourd'hui décédé, dirigeait bénévolement le club de rugby.
La silhouette de Sylvain Mollier, un brun de taille moyenne, leur était familière. "Il faisait du vélo presque tous les jours", témoigne une habitante qui le connaissait
depuis qu'il était enfant. Elle décrit, les larmes aux yeux, "un gamin serviable et
très gentil".
"Sylvain était réservé, la famille était très importante pour lui", confie aussi Michel Chevallier, adjoint au maire.
Sa passion du vélo et du sport en général l'auraient conduit mercredi dernier jusqu'à
cette route forestière près de Chevaline, habituel havre de paix. Il serait arrivé au mauvais endroit, au mauvais moment.