Dans la nuit du 25 décembre, un homme a été découvert en état d'arrêt cardio-respiratoire à Tourcoing, dans le Nord. L'individu âgé d'une vingtaine d'années se trouvait dans une soirée chemsex, une pratique qui se développe depuis cinq ans, qui consiste à avoir des rapports sexuels sous drogue. On fait le point.
Dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 décembre, un homme d'une vingtaine d'années est décédé à Tourcoing, au nord de Lille, alors qu'il se trouvait dans une soirée "chemsex". Selon l'AFP, aux alentours de 5 heures du matin, la police a été alertée par les secours pour une personne en arrêt cardio-respiratoire et une autre dans le coma. Le premier individu n'a pas survécu. Une troisième personne, locataire du logement où les faits se sont déroulés, est en garde à vue pour homicide involontaire.
Une source policière a confié à nos confrères et consœurs que des produits stupéfiants de type GHB et 3-MMC ont été trouvés sur place. Une enquête a été ouverte par le Parquet de Lille qui s'est saisie de l'affaire.
En quoi consiste le chemsex ?
Le chemsex est un phénomène né il y a une dizaine d'années, qui s'est accéléré avec la pandémie de Covid-19. Le mot en lui-même correspond à la contraction de deux termes anglo-saxons : "chemicals" - qui désigne les produits chimiques - et "sex", qui lui est plutôt transparent. Selon l'association Act'Up, qui lutte contre la transmission du VIH, cette pratique désigne "la recherche de plaisirs et de performances sexuelles associées à la consommation de substances psychoactives, qu’elles soient licites ou illicites." Concrètement, le chemsex consiste à avoir une ou plusieurs relations sexuelles en ayant consommé un produit désinhibant. La prise de substances se fait le plus souvent à deux ou à plusieurs dans des lieux privés, comme pour les évènements qui se sont déroulés à Tourcoing ce 25 décembre, ou dans des milieux festifs comme des sex-clubs.
Selon l'association AIDES, la pratique du chemsex concerne principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Mais ce penchant sexuel peut évidemment concerner tous les genres et toutes les personnes ayant une sexualité active, quelle que soit leur tranche d'âge ou leur zone géographique.
Quels sont les risques ?
Le chemsex est une pratique à risques, en lien au manque d'encadrement et à la prise consécutive de drogues qu'elle suppose. Non-respect du consentement, overdoses à cause de mauvais dosages ou de mélange de produits, expériences traumatisantes... Plusieurs facteurs entrent en jeu et augmentent les dangers auxquels s'exposent les chemsexeurs. En particulier en ce qui concerne les IST (infections sexuellement transmissibles) : les risques de contamination au VIH et au VHC sont très élevés, comment soulignent les associations de prévention.
Selon Act'Up, l'addiction est également une notion qui entre en jeu dans cette pratique sexuelle : "Le chemsex peut faire rentrer la consommation de produits dans une routine quotidienne. Elle peut modifier nos comportements vis-à-vis du sexe et peut créer des comportements addictifs." Mais comme l'explique l'association, "stigmatiser, dénigrer, culpabiliser des gays qui pratiquent le chemsex ne fait qu’aggraver la situation."
Jérémie Crepel, administrateur du Planning familial du Nord, revient un peu plus sur les dangers de la stigmatisation et de la répression des chemsexeurs.
Plus on pointe du doigt un groupe de personnes déjà discriminées, plus il a de mal à prendre soin de sa santé et risque donc de tomber dans des addictions. L'homophobie et la répression de cette pratique ne font donc qu’empirer le problème.
Jérémie Crepel, administrateur du Planning familial du Nord
À qui peut-on s'adresser pour obtenir de l'aide ?
L'association AIDES milite depuis des années pour prévenir les risques liés au chemsex. Plusieurs outils sont mis à disposition par les militants pour répondre à certaines questions ou orienter les chemsexeurs vers des ressources ou une prise en charge médicale, mais également pour les soutenir. Un groupe Facebook privé, un groupe Télégram et un contact Whatsapp (07 62 93 22 29) qui permet l'anonymat sont notamment disponibles.
Plusieurs structures présentes en région sont également utiles comme le CeGIDD (Centres Gratuits d’Information, de Dépistage et de Diagnostic), le CSSAC (Centre de Santé Sexuelle d’Approche Communautaire) ou le CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogue).