Des dizaines de milliers de personnes se sont déployées entre Lyon et Avignon, le long de la nationale 7.
Une chaîne humaine contre le nucléaire
Un an après la catastrophe de Fukushima, des dizaines de milliers de personnes vêtues de gilets fluos jaunes ou oranges se sont déployées entre Lyon et Avignon, le long de la nationale 7, pour crier leur rejet de cette énergie.
"Non au nucléaire, non au nucléaire", scandent deux enfants : ce dimanche 10 mars, une foule, au milieu de laquelle ont pris place deux candidats à l'Elysée, a formé "une chaîne humaine pour sortir du nucléaire", dans la vallée du Rhône, un an après la catastrophe de Fukushima.
Il y a bien ici et là quelques trous. Mais le défi était de taille: 230 kilomètres séparent Lyon d'Avignon. Sur le Nord-Isère, près de 3500 personnes vêtues de gilets fluos jaunes ou orange ont participé à la formation de la chaîne entre Vienne et Chanas.
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Le choix de la vallée du Rhône pour cette manifestation n'a rien d'anodin: avec ses 14 réacteurs, c'est la région la plus nucléarisée d'Europe, selon Christine Hasse, une Allemande installée en Ardèche, à l'origine du projet de chaîne humaine.
Et c'est devant les quatre cheminées de la centrale de Cruas, crachant leur vapeur d'eau, que se glissera dans la file de manifestants Eva Joly, la candidate d'Europe Ecologie/Les Verts à la présidentielle, qui loue cette "mobilisation citoyenne". "C'est un moment où nous marquons l'anniversaire de l'horrible tragédie de Fukushima (...) C'est aussi un geste de solidarité avec le peuple japonais", commente Mme Joly.
"C'est aussi pour marquer notre espoir qu'avec le changement programmé de président et de gouvernement, nous allons travailler sur la sortie du nucléaire", ajoute la candidate, accrochée au bras de l'eurodéputé José Bové.
A quelques mètres se tiennent le vice-président du MoDem, Jean-Luc Bennahmias, et le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste à l'Elysée, Philippe Poutou, qui lui aussi plaide pour une sortie du nucléaire "dans les dix ans" et le développement "à fond des énergies renouvelables".
La foule s'étire le long de la nationale. Venus avec leurs deux jeunes enfants, en "sympathisants" de la cause écologique et "en solidarité" avec le Japon, Sébastien et Marianne réclament eux aussi "un monde sans pesticide, sans nucléaire". A deux pas, deux adolescents font danser dans le vent leurs drapeaux "Nucléaire non merci".
Plus au sud, au Pontet (Vaucluse), Monique Labarthe, membre du réseau "Sortir du nucléaire", l'un des organisateurs de l'opération, se réjouit de la mobilisation. "C'est une réussite", dit-elle.
Quelques militants antinucléaires plus radicaux se sont glissés ça ou là dans le cortège, en actionnant leurs klaxons et en tapant avec des pierres sur les glissières de sécurité disposées le long de la nationale. Mais aucun incident n'a été signalé.
Sur la route, un couple de trentenaires des Alpes-Maritimes, Hélène et Jean-Noël, confie: "On essaie de lancer un message au gouvernement et aux candidats à l'élection présidentielle, et se donner du baume au coeur car on a l'impression que l'écologie ne fait pas trop partie du débat présidentiel malheureusement".
A Montélimar (Drôme), la foule se disperse. Nicole va reprendre le chemin de Karlsruhe (Allemagne), d'où elle est arrivée en car avec quelques amis. "Pour la chaîne humaine, et rien que pour ça", dit-elle. "Parce que c'est important de montrer la solidarité avec la France pour la lutte contre le nucléaire".