Ils ne parlent pas beaucoup d'ordinaire. Les ingénieurs de STMicro avaient visiblement besoin de s'exprimer, ce mercredi 27 janvier, alors que beaucoup d'incertitudes planent sur les suppressions et les redéploiements de postes à Grenoble.
"C'est un sentiment d'abandon", confie-t-il. Fabrice Belvèze est ingénieur chez STMicro à Grenoble. Une profession qui s'est rarement exprimée depuis que ST est dans la tourmente. Mais, de toute évidence, avec l'annonce des 430 suppressions de postes en France et de 600 redéploiements, certains ont besoin de dire leur amertume.
Certes, la société a subi des pertes financières, mais les ingénieurs considèrent qu'elle aurait pu s'en sortir si elle n'avait pas raté plusieurs tournants technologiques. C'est que les erreurs de stratégie et de management ont été grossières. "Il y a eu d'abord les smartphones, puis les tablettes", explique Fabrice Belvèze. "Notre direction, en 2006-2007, n'y croyait pas, alors que c'était le marché un an plus tard. Il y a eu un manque de vision."
Il compare aussi la situation à celle vécue chez ST-Ericsson, la co-entreprise détenue moitié/moitié par le Suédois Ericsson et le franco-italien STMicroelectronics. En 2013, les salariés de ST-Ericsson avaient été repris par STMicro à Grenoble.
"La société a redressé la barre au bout de 4 ans, mais, même scénario, ils ont préféré abandonner la partie plutôt que de nous aider".
Interview de Fabrice Belvèze, ingénieur chez STMicro